Il y a 150 ans, la commune expérimentait la démocratie directe.

La cinquième république française, basée sur la domination d’un président, certes élu au suffrage universel, mais avec tous les pouvoirs pour cinq ans, rechigne à célébrer une des révolutions les plus originales et les plus importantes de l’histoire. Bien sûr, le gouvernement actuel est de droite, et se réclame sans doute plus d’Adolphe Thiers, dont le préfet Lallement parait un émule tardif et médiocre. De plus, depuis 150 ans, on déforme l’histoire de la commune, en parlant de ses crimes, en oubliant la lâcheté puis la haine terrible de l’armée et du gouvernement, à majorité monarchiste (!) du début de la troisième république.

Parmi les premiers réviseurs de l’histoire, Emile Zola, contribuera aux mythe d’un mouvement destructeur, avec ses « pétroleuses » alors que le conseil de la commune s’est positionné contre la capitulation et pour la justice sociale. Les articles de Zola ont été publiés dans un recueil intitulé « la république en marche« . Il est cohérent que le président actuel se place du coté des versaillais, du côté de l’élite qui avait fui devant la populace. Adolphe Thiers cédant aux prussiens plutôt que de recréer une armée et une résistance populaire est le prototype de Pétain, qui préfère l’ordre nazi à la chienlit communiste et la résistance. Notre actuel président n’a pas eu encore, heureusement, l’occasion de montrer de telles capacités d’adaptation.

Des dizaines de miliers d’exécutions sommaires d’hommes de femmes et d’enfants ont été perpétrées par les versaillais, contre quelques centaines d’assassinats, commis pour la plupart sans avoir été décidés par le conseil de la commune. Si certains monuiments l’ont été volontairement détruits par les communards, comme des symboles d’oppression, en particulier la colonne Vendome et le palais des Tuileries, la plupart des destructions matérielles dans le Paris en ruine de mai 1871 étaient dues aux bombardements prussiens puis versaillais.

Mais en ne retenant que les violences, on oublie surtout le principal : la Commune de Paris a été l’occasion d’essayer toute une série d’améliorations de la démocratie : placer les élections comme un préalable à toute action, donner tous leurs droits et toute leur place aux femmes, et mettre en place un mandat impératif pour les élus, qui pouvaient être révoqués par le peuple qui les avaient élus.

Renvoyons aux sites plus historiques, pour tous les autres aspects, mais arrêtons nous sur cette proposition, tout à fait d’actualité : plutôt que d’élire des représentants, sur la base de promesses qu’ils ne tiendront pas, élisons des députés chargés strictement de mettre en oeuvre le programme pour lequel ils ont été élus. C’était une idée de Jean Jacques Rousseau, qui n’a été que très rarement été tentée dans l’histoire. Mais aujourd’hui, les moyens de la démocratie participative sont bien plus importants :

En premier lieu, on peut constituer des plates formes programmatiques, avec une coconstruction élargie à tous les sympathisants des idées proposées. Internet et l’informatique, permettent sur la base d’un premier texte, de recueillir des contributions, de faire des synthèses, de noter l’historique des modifications, avec un nombre très important de contributeurs. Wikipedia en est un exemple.

En second lieu, la mise en oeuvre peut faire l’objet d’adaptations sur la base de consultations rapides étendues à toute la population concernée.

Les moyens impératifs de cette méthode démocratique sont l’éducation et l’information préalable de la population lui donnant les moyens de comprendre les sujets à discuter, la formation aux moyens informatiques, et le contrôle par des fonctionnaires réellement indépendants des procédures, pour éviter toute malhonnêteté.

L’honnêteté des citoyens et de ses représentants est indispensable à la démocratie. Cette honnêteté ne sera effective que lorsque tous les enfants y seront incités par l’exemple de leur entourage ; elle ne sera garantie qu’avec une police au service de la république et de ses principes et non aux ordres d’un dirigeant particulier.