Les différents mouvements politiques relèvent de trois tendances :
- les nationalistes croient que les sociétés s’organisent en cercles concentriques, différenciés autour de soi : la famille d’un sujet est plus importante pour lui que celle de son voisin, son village, sa religion, son pays, sa race ; un seigneur, un roi, un dieu le protègent. L’union se fait dans un cercle pour se défendre ou attaquer le cercle voisin. Les différences génétiques et culturelles sont hiérarchisées. Pour protéger son groupe des autres, il faut imposer la prééminence de sa race, de sa religion, de sa culture, réunis sous les concepts historiques de clan, de tribu, de royaume ou de nation. Ce mode de pensée politique est essentiellement subjectif, basé sur la perception exagérée du moi et la domination par la force d’un groupe sur les autres groupes. Se regrouper avec ses proches pour se défendre des étrangers, est le mode originel de société humaine. Il reste dominant, car il correspond à l’aspiration première de sécurité.
- les humanistes croient que les humains sont tous égaux en droit, que personne n’est naturellement au dessus des autres. La société humaine devrait être organisée sur des principes universellement reconnus et partagée, une démocratie universelle. Les dirigeants sont élus parmi les humains, ne restent pas au pouvoir, ne le transmettent pas à leurs enfants. La génétique ne fonde pas la société. C’est une conception du monde qui se veut objective. Essentiellement abstraite, elle permet l’organisation de sociétés stables, si la justice est enseignée et pratiquée : on donne des parts égales aux enfants et on leur apprend à reconnaitre ce partage comme juste. Cette aspiration à la justice devient plus forte que celle de la sécurité chez tous les êtres de réflexion. Elle a motivé toutes les révolutions et a aboli l’esclavage.
- Les hypocrites professent une partie des principes des principes humanistes, mais appliquent les modes de pensée nationalistes qui protègent leurs intérêts privés. Trois grandes catégories d’hypocrisie politique :
- les royalistes et les autocrates ont toujours prétendu que le roi, le guide, était choisi par Dieu pour délivrer la justice, c’est la loi du plus fort, légitimée par la religion
- Les libéraux souhaitent des démocratie de façade, où la domination absolue des plus riches soit admise parle peuple comme une récompense de leurs mérite, dont les dirigeants soient issus de ces groupes capitalistes ou leur soient rapidement soumis par la corruption. Le droit de vote, la liberté d’expression, la solidarité, l’éducation sont tolérés tant que ces principes ne viennent pas remettre en cause la propriété garantie aux actuels puissants et la libre concurrence permettant aux hypercapitalistes d’absorber les petites entreprises. C’est la loi du plus puissant, légitimé par l’illusion de liberté, protégée par le divertissement.
- les communistes ont imposé une société théorique avec un État tout puissant, supprimant la liberté d’entreprendre. Tous les pouvoirs ont été confisqué par une oligarchie, en URSS comme en Chine, qui a dirigé la société en fonction de ses propres intérêts et des ses propres peurs. Lorsque ce système s’est écroulé, cette oligarchie a confisqué les biens publics pour rejoindre la coterie des hypercapitalistes libéraux.
Les mouvements humanistes n’ont que rarement et fugitivement accédé au gouvernement, au lancement de certaines révolutions ou dans certaines cités. Mais les utopistes ont toujours constitué le moteur des grandes évolutions. Ils ont permis d’abolir l’esclavage, de contenir le nazisme. C’est la seule vision du monde qui permette d’espérer, en construisant la paix et maintenant un équilibre des relations entre les humains.