Babel

Selon la bible, l’orgueil des hommes a été puni en les divisant par une multitude de langues. C’est probablement l’isolement des groupes de populations qui leur a fait développer des moyens de communication séparés, et créé peu à peu, tous ces langages différents.  Pour les échanges entre les groupes, on a souvent créé une langue véhiculaire, faite de parts plus ou moins importantes des langues d’origine. Le latin, l’anglais, le français, l’espagnol, langues de peuples colonisateurs, ont également joué ce rôle.

Au XIXème siècle, s’est développée la théorie des nations, associée à une langue. La langue devient alors obligatoire pour tous les membres de ces nations ; son usage s’arrête abstraitement aux frontières, non moins abstraites, de cette nation. Les citoyens de chaque nation se sont alors sentis différents de part et d’autre de cette frontière, parce que la langue qui gouvernait leurs échanges les séparait matériellement.

Cette division selon les langues a alors nourrit les concepts de nations et de peuples développés comme celui d’un individu unique, avec son caractère, ses qualités et ses défauts, ses droits à disposer de lui-même. C’est ce concept qui a permis de passer des guerres des princes aux guerres entre nations, qui sont vite devenues une guerre mondiale. C’est toujours ce concept qui nourrit les guerres des Balkans comme la montée des extrêmes droites dans tous les pays développés. Lorsque à la différence de langue s’additionne la différence de religion, l’opposition est totale. Sur un territoire limité comme celui du moyen orient, la haine s’exacerbe entre des « peuples »artificiellement séparés.

A Babel, l’orgueil des hommes a été puni en étant transformé en orgueil collectif, l’orgueil terrible des nations.

Il est possible de faire de ces divisions une richesse, et de transformer le conflit des affirmations individuelles en amour, mais ce serait une révolution encore plus importante que celle de la tour de Babel.

L’impuissance des nations

Les nations discutent en ce mois de décembre 2015 du changement climatique. Elles vont parvenir à un accord, qui ne changera que peu de choses. Les multinationales continueront à prospérer, sans contrainte forte : les états qui tenteront d’en imposer verront ces grandes entreprises menacer de s’exiler (encore un peu plus) pour des pays moins exigeants.

Le souverainisme, que plébiscitent les populations majoritairement xénophobes, poussera les politiques à ne pas accepter de contraintes des autres : les riches, les pauvres, les rouges, les jaunes, les noirs, les boches… au choix des populistes.

Seule des modifications profondes du fonctionnement des états, une véritable révolution, permettra de créer une république universelle capable de prendre des décisions efficaces : transports en commun obligatoires en ville, maisons mal isolées reconstruites, tarifs des carburants fossiles surtaxés, avec en parallèle, une solidarité forte qui évite que ces mesures ne frappent les plus fragiles.