Dans le système scolaire français, les programmes du primaire et du collège sont basés sur la notion de moyen. L’objectif pédagogique, c’est de permettre à l’élève d’acquérir les savoirs et les savoirs-faire qui lui permettront de s’intégrer à la société. Mais devant l’immensité des savoirs, cette éducation n’a pas de fin, ni d’objectif précis. Pour nos enseignants, il faudrait, comme eux, passer toute sa vie à l’école….
Cette vision a des vertus, notamment grâce à l’apprentissage de la lecture et du calcul, l’élève apprend peu à peu à être autonome, à penser tout seul. En utilisant les bibliothèques ouvertes de la république, il peut ensuite se forger tout seul une philosophie, un savoir, même s’il a quitté le système scolaire.
Mais cette éducation est déficiente car à l’adolescence les enfants sont pour la plupart dépourvus de conviction citoyenne. Les valeurs des droits de l’homme, ou encore celles de l’environnement leurs sont plus ou moins enseignées comme une teinture, une mode intellectuelle. Ce vernis peut éclater quand la situation sociale locale empire et fait se dégrader les conditions de vie des jeunes, ou lorsqu’ils sont confrontés à une injustice à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les partis populistes, les sectes, les extrémistes religieux apportent des solutions simples et recrutent facilement des fanatiques parmis une population d’agneaux.
Le système éducatif actuel enseigne aux enfants comme on imbiberait une éponge : on les plonge dans un liquide amniotique de savoirs variés, dont ils se remplissent passivement. Il faut au contraire leur construire une vision de la vie autour de valeurs universelles indiscutables. Par souci d’objectivité, les professeurs, ou les journalistes, ne veulent pas s’engager, ni prendre parti. C’est compréhensible, quand on se souvient de l’école de la troisième république, qui manipulait les petits français pour leur donner la détestation des nations ennemies. Mais c’est inefficace.
Liberté, égalité et fraternité sont des valeurs universelles, qui sont partagées spontanément par la plupart des humains qui réfléchissent sur leur condition et sur leur rapport aux autres humains. Mais ce sont des valeurs complexes, des forces contradictoires qu’il faut équilibrer (ma liberté doit s’arrêter quand elle s’attaque à celle de mon voisin, mon égal…). Les discours raciste, xénophobe ou sexiste, comme le discours hypercapitalistes sont volontairement plus simples et surtout confortent davantage l’intérêt égoiste de chacun. Les autres me sont inférieurs, je peux continuer à en profiter si je suis puissant, je peux chercher à les soumettre si je suis misérable.
L’école primaire doit apprendre aux enfants qu’ils sont des humains semblables, mais différents. Elle doit apprendre le respect, mais aussi enseigner l’histoire des injustices et des violences. Chaque matière doit être un moyen pour atteindre ce but, la citoyenneté. Les raisonnements logiques du calcul puis des mathématiques doivent permettre de comprendre la différence entre l’équité et la simple égalité. L’apprentissage de la langue principale et des autres langues doivent permettre à chaque enfant à comprendre et à être compris, à s’exprimer et à écouter les autres : ses camarades de classe comme les grandes voix du passé. L’histoire doit rappeler toutes les grandes injustices, les tyrannies, en les opposant à la recherche de la liberté et de l’égalité dans l’avénement des démocraties. La géographie et les sciences doivent permettre d’améliorer, de la maternelle au collège, notre perception de la nature, de notre environnement et de l’univers, la difficulté qu’il y a à comprendre ses lois, la recherche de la vérité et de l’objectivité avec le raisonnement scientifique, les hypothèses, les preuves et l’amélioration des théories. L’apprentissage des arts doit permettre de comprendre l’universalité humaine, sa diversité, sa fragilité et sa grandeur. Le sport doit permettre aux enfants de se confronter dans le respect, de situer leurs qualités et leurs défauts naturels, leur inculquer l’esprit d’équipe et leur prouver qu’ils peuvent progresser par l’effort.
A chaque occasion, l’enseignant doit faire prendre aux élèves une distance sur ce qu’ils ont appris, pour accrocher les savoirs nouveaux aux valeurs universelles permettant de vivre en société, comme des muscles autour d’un squelette moral. Nos enfants seront confrontés à l’injustice sociale, à la guerre : il faut armer leur esprit pour comprendre et résister.
L’école, jusqu’à l’adolescence doit être structurée autour de ce but : former des citoyens. L’enseignement professionnel, à partir de 14 à 16 ans, doit ensuite apprendre un métier à tous les jeune, avec des matières différenciées suivant les gouts et les possibilités de chacun. L’université doit ensuite permettre à chaque citoyen, quel que soit son âge, d’apprendre ce qu’il souhaite pour élever sa compétence ou simplement se cultiver.