Archives de catégorie : Non classé

La justice ne doit pas tenir compte de la génétique

Comme nous l’avons développé dans nos principes, il est normal que la propriété d’un lieu, d’un objet s’aquière par le travail et se conserve par la responsabilité et l’entretien, mais il n’est pas souhaitable que cette propriété soit transférée automatiquement après le décès du propriétaire à ses “héritiers”. Cette transmission foncière crée d’innombrables problèmes de gestion de la terre et des espaces naturels et renforce les injustices sociales. Chaque parent reste libre d’aider ses enfants de son vivant.

Le droit familial ne doit pas non plus faire de différence entre enfants naturels et enfants adoptés.

Ces principes économiques et sociaux ont leur corollaire politique : aucun “peuple” ne possède une terre, même s’il est normal de respecter les usages de ceux qui vivent à un endroit donné en respectant la nature et leurs voisins.

La force ne crée pas non plus de droit, elle ne crée que des obligations pratiques. Envahir un pays pour en déloger ses habitants ne vous en rend pas non plus propriétaire. Pour être considéré comme habitant légitime et citoyen d’un espace, il faut pouvoir y vivre en harmonie avec la terre et les hommes.

Si la culture peut perdurer dans des communautés déracinées ou reléguées socialement, c’est une richesse conservée. Mais vouloir conquérir, envahir un pays, comme en refuser l’accès à d’autres au nom d’une race, c’est injuste.

Ceux qui ont choisi de cultiver la haine plutôt que la terre ne la méritent plus.

Notre société n’est pas sur le bon chemin.

Une énorme majorité de nos citoyens des démocraties d’Europe et d’Amérique pensent que tout ira mieux avec des réformes successives, que la recherche scientifique trouvera les solutions aux problèmes. C’est évidemment une croyance faite avant tout pour se rassurer, mais qui est alimentée par tous les efforts réformistes, les “initiatives qui vont dans le bon sens”, les Conférences des parties sur le climat ou la biodiversité, par exemple, ou les appels à la paix de l’ONU, les condamnations des crimes de guerre par le tribunal de la Haye et récemment la relance du nucléaire civil.

Les efforts individuels d’économie ou de changement alimentaire ne peuvent modifier notre consommation globale d’énergie ou notre politique agricole que de façon marginale, alors qu’en même temps, on favorise le développement de modes d’agriculture, d’industrie ou de transports extrèmement polluants.

C’est tout le contraire qui s’est passé de 1989 à 2020, en Russie, en Chine, en Afrique : le capitalisme s’est généralisé, mais les pauvres sont encore plus pauvres, et les très, très riches de ces pays maintiennent des dictatures renforcées par l’argent.

Les gouvernements des pays les plus riches comme les pays pauvres ont certes renforcé leur législation, mais de façon très complexe et incohérente entre les pays. En parallèle, ils ont diminué les moyens de contrôle de l’application par des fonctionnaires indépendants et compétents. En faisant financer par les porteurs de projets industriels toutes les études d’impact, les Etats leur laissent les mains libres pour présenter les projets à leur avantage, amoindrir les impacts prévisibles et imaginerdes retombées économiques et sociales fabuleuses. Les aides accordées à l’installation vont d’ailleurs financer leurs frais d’études aux industriels destucteurs !

Bien sûr, selon les pays, on peut constater de petits progrès, mais ils sont tellement inférieurs aux régressions environnementales et sociales.

Les napoléons, traîtres à la république

Après le film de Ridley Scott, tous les coqs protestent : Napoléon nous a apporté tant de réformes utiles…

Rectification historique : le sénat, la liberté de culte, les préfets, le code civil.. c’est le consulat. Ce n’est pas l’oeuvre de Napoléon, plutôt celle de Bonaparte, et pas tout seul !

De 1799 à 1804, c’est le premier consul Bonaparte, dans le cadre d’une république avec un parlement élu, qui préside à tous ces changements et qui restaure la paix en France. Le consulat est un dispositif très conservateur, très directif, qui a oublié les droits de l’homme, qui favorise la bourgeoisie et restreint la liberté d’expression, mais qui conserve des éléments démocratiques, avec des lois, des débats. Le code civil, en particulier, élaboré par Cambacéres, bien plus que par Bonaparte, est le fruit de ce système républicain.

Le rétablissement de l’esclavage a également lieu dans ce cadre “républicain ultra conservateur” qu’est le consulat.
Jusqu’en 1799, Bonaparte défend la république. A partir du consulat, il travaille à sa propre ascension. A partir du sacre, il a abandonné définitivement la république pour sa propre gloriole.

Avec la légion d’honneur, promue sous le consulat, malgré une certaine opposition, il crée une caste de privilégiés à son service, dépendant de son bon vouloir. En instaurant la noblesse d’empire, il foule aux pieds les principes de cette révolution qui lui avait permis d’accéder au pouvoir.

Les guerres de l’empire (pas loin d’un million de morts !) sont des guerres de conquête personnelle et non pas des guerres libératrices.

Non seulement Napoléon Bonaparte a trahi la république française, mais également tous les grands esprits européens, comme Beethoven, qui croyaient en la démocratie pour le monde entier.  son neveu, Napoléon le petit, a réédité le forfait, en trahissant son serment à la république pour fonder le second empire, et au bout de 20 ans de dictature, s’effondrer lamentablement sous la montée de la Prusse.

L’impérialisme crée l’oppression, et favorise la haine et le nationalisme. Nos deux Napoléons, ont contribué directement à l’éclatement du monde en divers nationalismes qui nous ont valu ensuite deux guerres mondiales.

Interdire le mensonge public en démocratie

La démocratie nous renvoie souvent l’image d’hommes politiques qui font des promesses pour être élus et qui ne les tiennent pas, mais qu’on peut ensuite renvoyer.

Mais au XXième siècle, les peuples surinformés des pays riches se complaisent dans les mensonges de leurs dirigeants, qui leur permettent de préserver leur confort intellectuel et physique face aux énormes injustices sociales et aux dégradations terrifiantes de l’environnement. Ils ne sanctionnent donc plus les mensonges, au contraire, il les encouragent en accordant leurs voix à des populistes ou à des productivistes acharnés.

Une solution serait de constituer un délit, peut être même un crime, de mensonge public. Il faudrait le caractériser par la conscience du délinquant de la déformation de la vérité qu’il produit, par l’expression de cette déformation en public : déclaration aux media, assemblée constituée, salle de meeting, publication écrite et signée diffusée sur internet ou par tout autre moyen.

Evidemment, il faudrait penser à une gradation, en fonction du niveau de déformation et du nombre de répétition de ces propos. Mais pour la déformation de la vérité, qui évidemment peut être plus ou moins importante qualitativement ou quantitativement, c’est surtout l’intention qui compte : par exemple, dire 9500 à la place de 10 000, ca semble peu, mais cela minimise nettement le chiffre et ce n’est pas un arrondi mathématique.

S’agissant de personnes privées s’exprimant en public, les condamnations devraient être des amendes, proportionnées au dommage. Mais pour des personnes publiques, hommes politiques élus ou souhaitant l’être, ainsi que pour tous les fonctionnaires représentants de l’Etat ou des collectivités, ce doit être une faute engendrant l’inélégibilité ou la révocation, après un nombre de mensonges, ou une importance de déformation à définir.

Quant aux promesses, pour lesquelles l’homme politique pourrait toujours dire qu’il y croyait, il faut qu’il puisse le démontrer, en ayant fait auparavant une étude d’impact que la mesure qu’il propose est applicable et ensuite, en faisant la preuve qu’il a mis en oeuvre son programme. On rejoint alors l’idée du mandat impératif, testé trop brièvement, par la Commune de Paris en 1871.

Le nationalisme est le batard que la royauté a fait à la république.

L’idée de nation a été utilisée par les souverains autocrates pour asseoir leur pouvoir. Il s’agissait d’unir un peuple, en utilisant sa peur de l’étranger, et la transformant en haine, pour garantir son unité derrière le souverain, protecteur de cette nation. Les serfs dépendait de leur seigneur, sans se sentir pour cela différents de leur voisins. Mais les sujets du roi se distinguent clairement des étrangers : ils utilisent la même monnaie, ont la même loi, voient passer dans mêmes uniformes leurs jeunes garçons raflés pour attaquer un autre pays, haïssent les envahisseurs qui viennent violent nos femmes.

Ce sont des idées philosophiques universalistes qui ont propulsé la révolution française : retrouver un gouvernement par le peuple, affirmer la liberté, l’égalité des chances… Mais une fois le roi en prison, les monarchies voicines ont menacé la république, qui s’est défendue par les armes à ses frontières. Pour lever des troupes, la république a utilisé l’idée de la défense de la liberté, contre les nobles, mais aussi la sauvegarde de la nation, en péril face au risque d’invasion. Et c’est probablement ce second argument, basé sur la peur séculaire de l’étranger, qui a été le plus développé et qui a sans doute été le plus efficace pour lever une armée populaire immense, qui par son nombre, a su faire barrage aux troupes monarchiques.

Après le coup d’état de Napoléon Bonaparte, la république est morte, mais les mêmes armées sont emmenées conquérir l’Europe un petit peu au nom de la liberté, mais beaucoup au nom de la supériorité nationale. L’ambiguité des motivations a d’ailleurs été entretenue par Napoléon, comme les anglais, de l’autre côté de la Manche, engageaient des troupes au nom de la liberté mise en péril par l’ogre impérial.

Dans toute l’Europe, les idées nationalistes se sont développées en même temps que les idées républicaines. Mais comme l’a montré l’histoire de l’indépendance italienne, où les républicains se sont effacés devant le roi du Piémont, et celle de la création de l’Allemagne, où l’union s’est faite derrière le Kaiser, le nationalisme est plus fort dans les coeurs que la démocratie. la liberté est confondue avec l’autonomie, le droit pour ceux qui parlent la même langue d’élaborer leurs propres lois.

Le nationalisme est devenu la tour de Babel du monde : les petits pays basés sur la langue et la coutume, s’opposent entre eux sans fin, les différences de loi empêchent des échanges justes entre les pays. Chaque pays qui se trouve fort par son armée se croit supérieur par l’esprit et autorisé à envahir les inférieurs. Chaque population opprimée par un oppresseur, dans le monde entier, se révolte au nom d’une nation, réunie par la haine de l’étranger. Le communisme a pu exister en Chine et au Vietnam, mais également à Cuba, grâce au nationalisme : il fallait se libérer des occidentaux, des japonais, des américains.

La tour de Babel des nationalismes n’en finit pas de s’effondrer :Ce nationalisme, qui a écrasé la république universelle, a engendré le colonialisme et deux guerres mondiales.

La surpopulation relativise les morales

Einstein a pu théoriser que les lois de Newton ne s’appliquaient pas dans l’infiniment petit, dans l’infiniment grand, quand on s’approchait de la vitesse de la lumière. De même, il faut remettre en cause de nombreux dogmes établis à des moments précis de l’humanité, lorsque celle-ci était en danger du fait de son faible nombre, par rapport à la taille de sa planète.

Aujourd’hui nous sommes en surpopulation : il y a trop d’êtres humains pour que ceux-ci s’alimentent et vivent bien, en équilibre avec les autres espèces et sans épuiser les ressources naturelles qu’ils consomment immodérément. C’est du moins le cas avec les méthodes actuelles d’agriculture et de production industrielle.

La plupart des lois en application sur la planéte sont dérivées de lois religieuses ou coutumières anciennes, établies à une époque où la préservation de la vie humaine était l’objectif crucial. On blesse quelqu’un, ce n’est pas grave. On tue un animal, ce n’est pas grave. On brûle une forêt, ce n’est pas grave, il y en a tellement. On tue un être humain, c’est gravissime. Chaque grande religion, la plupart des pays interdisent le meurtre et ne prévoient pas d’exception. Cette loi est supérieure au respect de la liberté individuelle : le suicide est souvent interdit et généralement condamné. La peine de mort, au début réservée à la loi du talion, aux seuls meurtriers, est interdite dans de nombreux pays.

A l’inverse, tous les autres crimes, le viol, la torture, les atteintes aux espèces animales ou végétales, la destruction des oeuvres d’art, les menaces à l’intérêt général, comme la pollution sont relativisées par ce crime absolu qu’est le meurtre.

La guerre entre pays est un concept peu à part de ce cortège juridique relativement cohérent, la volonté d’un souverain (un roi, un dictateur ou un peuple) lui permet de commanditer le meurtre d’un nombre immense de personnes du pays attaquant et du pays défenseur, en outrepassant l’interdit primordial de l’assassinat.

Aujourd’hui, si on considère la surpopulation humaine comme le premier risque qui pèse sur la planète, pour assurer le bien être de cette espèce humaine, ne faut il pas reconsidérer la mort comme quelque chose d’indispensable, plutot que quelque chose d’impensable ? Ne vaudrait-il pas mieux abréger la vie d’êtres humains, en commençant par ceux qui le souhaitent ? La restauration des équilibres écologiques planétaires est un objectif plus important pour la survie de notre espèce que la santé des populations. On ne doit pas faire peser des menaces supplémentaires sur des habitats ou des espèces naturels plus fragiles que nous au prétexte de notre santé, a fortiori de notre confort.

Les principes de base que la république universelle souhaite faire adopter à l’humanité, respecter la liberté de chacun, équilibrer les libertés dans la justice, organiser une société solidaire sont bien des repères absolus, mais le respect de la vie n’en est qu’une conséquence relative courante.

La préservation globale de la vie sur la planète nécessite la mort d’individus : tous les animaux mangent des êtres vivants ; la plupart des végétaux et la fonge vivent sur les restes des autres êtres vivants qui se mêlent au minéral dans le sol. Pour vivre, il faut donner la mort. C’est une considération toute relative d’équilibre dans les cycles naturels, qui doit guider notre approche. Un chasseur-cueilleur ne tue que ce dont il a besoin pour se nourrir. Trop tuer devient un crime… relatif, par définition.

Ce que nous avons le plus à redouter aujourd’hui, n’est pas la montée des pandémies, mais la continuation des guerres. Ce sont les pandémies qui engendrent le plus de morts, mais à leur suite, l’humanité se reconstruit sans haine ni rancune. Alors qu’une guerre engendre la haine, l’esprit de revanche, d’autres haines et l’instabilité économique et l’injustice sociale.

En ce qui concerne les crimes du quotidien, il faut revoir également la cartographie : tous les crimes qui sont basés sur le mépris des autres, sur une supposée supériorité de naissance, par le sexe ou la race, engendrent des souffrances terribles sur plusieurs générations. Tuer un être humain qui souhaite vivre, qui a des projets et qui n’est pas dangereux pour les autres, reste bien sûr l’atteinte la plus forte à la liberté d’autrui.

Mais qu’en est il du meurtre d’un être vivant inconscient ? un foetus de quelques semaines que ses parents ne désirent pas ? un malade atteint de démence irréversible ? un être humain conscient qui souhaite mourir de toutes ces forces ? Ces questions nécessitent chacune un développement particulier pour y apporter une réponse. Il convient chaque fois de vérifier scrupuleusement chacun des termes, qui sont, eux aussi, relatifs et variables. Mais dans chacun de ces cas, la mort envisagée est moins grave que tous les crimes cités précédemment ou la disparition d’une espèce animale ou végétale sur la planète. Le viol d’une femme est plus grave que son avortement.

Une énergie nucleaire sans democratie

Le président de la république française vient d’annoncer (10/02/2022) la construction de 6 centrales nucléaires supplémentaires. Il ne s’agit pas d’un voeu pour son futur programme, mais bien d’une décision, alors que le “programme” sur lequel il a été élu n’en parlait pas. Il n’y a pas eu de consultation, de concertation, ni encore moins de vote, ni aux présidentielles, ni à l’assemblée nationale.

Ce déni de démocratie reprend les habitudes ininterrompues de nos anciens présidents de la république, depuis De Gaulle, sur la questions. Au départ, le secteur nucléaire était lié à la défense, à son secret et au fonctionnemnet jacobin de la prise de décision. Pourtant ce choix d’énergie engage la génération qui le finance et les 178 générations suivantes, qui vont payer des coûts imprévus répartis sur un demi-siècle (le secteur nucléaire est le premier en matière de dépassements de 1 à 10 !) augmenter les pollutions directes (le réchauffement de l’eau en particulier), augmenter la consommation d’eau (le nucléaire a des besoins un peu inférieurs mais du même ordre que l’agriculture : une bonne partie de l’eau quitransite dans une centrale repart en vapeur). Le risque d’incident existe toujours, et rien dans les évènements des 10 dernières années n’est de nature à nous rassurer. Un attentat sur une centrale est possible et pourrait avoir des conséquences incalculables. Enfin, depuis la privatisation d’EDF, l’Etat n’a plus les moyens de pérenniser un controle direct des centrales qu’il a payées. On ne forme plus d’ingénieurs fonctionnaires ayant la pratique de la construction, de l’entretien et de la gestion de ces centrales, on se contente de payer des couts énormes incontrolables.

La politique antérieure nous oblige déjà à considérer le nucléaire tel qu’il est : la première source actuelle d’énergie depuis des dizaines d’années en France, une réussite technologique globale remarquable, mais aussi un problème public énorme. Il faut continuer à mobiliser des cerveaux pour la recherche sur ce sujet, rendre à l’Etat sa compétence technique pour la gestion et le controle de l’outil.

Mais ca ne suffit pas : les troubles à l’environnement, à l’économie et les risques sur la sécurité et la santé dépassent largement le cadre de notre petite nation : comme l’a montré l’accident de Tchernobyl, le nucléaire a des conséquences sur tout un continent. La politique énergétique doit être revue le plus globalement possible. le gouvernement français actuel n’a aucune légitimité pour décider d’une augmentation de son parc nucléaire en augmentant la menace sur tout un continent.

L’histoire ne nous determine pas, elle nous apprend seulement.

Depuis l’invention de l’écriture, l’homme conserve les histoires qu’il raconte, les fictions, comme les récits ou les essais. La mémoire du monde est comprise principalement dans des livres, mais aussi des musées, des monuments et est enseignée aux enfants pour les aider à devenir des citoyens.

Les récits historiques sont déformés par chaque société, dans un but particulier. L’histoire racontée par les juifs, les chrétiens ou les musulmans, reprenant les textes sacrés, mais orientant également la vision de tous les évènements qui ont suivi, cherche à montrer le destin de l’homme, du peuple élu, de la communauté des croyants. L’histoire enseignée du moyen âge au XIXème siècle montrait le destin des rois, des dirigeants et de leurs familles, comme des élus de dieu, améliorant sans cesse leur patrimoine et luttant plus ou moins efficacements contre leurs ennemis, c’est à dire leur voisins. Même les défaites sont magnifiées dans des récits transformant les pauvres guerriers massacrés en des héros immortels, comme Roland ou Bayard. L’histoire chinoise insiste sur l’unification de l’empire chinois et son maintien, contre vents et marées, mongols et européens, grâce à la puissance de ces empereurs implacables. C’est grâce à cette perspective historique que l’Etat du monde le plus peuplé maintient encore cette unité servile sous la dictature du parti communiste.

A partir du XIXème siècle, on a créé les romans nationaux, permettant aux italiens de se croire les petits-enfants de César, aux français de se considérer comme les descendants de Vercingétorix, résistant aux romains, aux allemands de se figurer être du sang d’Arminius/Hermann, ayant repoussé les légions romaines. Les positivistes, les scientistes, les progressistes ont montré comment les lumières de la république et de la civilisation allaient pouvoir s’étendre au monde entier grâce aux conquêtes des hommes supérieurs : les espagnols sur les Aztèques, les anglo saxons sur les indiens ou les aborigènes, les français sur les indigènes d’Afrique ou d’Indochine. L’histoire communiste russe a montré comment les merveilleux dirigeants et les héros du partis avaient sauvé le peuple des attaques des capitalistes ou des fascistes. Cette propagande ridicule, mais voulant donner un sens à l’histoire, a longtemps clamé que le socialisme allait dépasser le capitalisme dans tous les domaines.

L’histoire a toujours été enseignée, en déformant les faits, pour montrer le progrès réalisé suivant la conception du monde de la caste dominante, formatant les enseignants. Les enfants ont pu, grâce à cet enseignements se satisfaire de leur condition sociale, de leur pays et rester dociles, pour être de vaillants soldats ou des mères courage.

D’autres visions de l’histoire ont existé, comme la vision cyclique : une civilisation nait, fleurit, atteint son apogée, connait une décadence et est remplacée par une autre. Cette vision moins optimiste a moins de succès, sauf auprès des vieux philosophes…

Les historiens d’aujourd’hui s’attachent plus aux faits et à leur succession. Ils séparent généralement les enchainements chronologique d’un essai d’interprétation. Les interprétations des cinquante dernières années insistent beaucoup sur les conditions environnementales et démographiques, diminuant l’importance des héros. Cet effort d’objectivité est à saluer. Il est facilité par les échanges beaucoup plus importants d’informations, rendus possibles par la technologie. Les tentatives de réécriture dans les pays soumis à une dictature se heurtent généralement à la vitalité de la communauté scientifique, médiatique et militante mondiale, qui permettent de dénoncer les mensonges ou les déformations, en recoupant avec d’autres informations. Pour le moment, il s’agit bien d’un progrès, mais celui ci pourrait être anéanti par un big brother simplifiant les évènements, en écartant certains faits, ou noyant les facteurs déterminants dans un flot d’informations.

Lorsque l’on suit l’incroyable succession de l’histoire humaine, depuis 2000 ans au moins, ce qui frappe c’est davantage le chaos que le progrès. Néanmoins, dire que les hommes sont des marionnettes soumis à des dirigeants les manipulant, ou façonnés par les cironstances naturelles et sociales, serait aussi faux que des les croire téléguidés dans chacun de leurs gestes par la volonté d’un dieu fou.

Les hommes sont libres, et cela vaut pour chacun d’entre eux. Les sociétés ont pu faire agir momentanément de façon cohérente de grands groupes, mais les castes ou les peuples ainsi constitués ont régulièrement éclatés en morceaux, par des révoltes en réponse aux injustices à l’intérieur de ces sociétés ou par l’invasion de voisins jaloux. La liberté individuelle permet de choisir son chemin. La société contingente où l’on vit, vous pousse dans une direction, mais lorsque vous choisissez un autre chemin, si vous arrivez à convaincre suffisamment de personnes de vous accompagner sur ce chemin plus juste, la liberté et la volonté d’un groupe permet de renverser le déterminisme social.

Les récits historiques sont bien nécessaires à la constitution de cerveaux citoyens. Mais il faut toujours les regarder selon le prisme universel de la liberté et de l’égalité, de la solidarité et de la justice. L’injustice ne perdure jamais sur un peuple qu’avec son consentement inconscient. Certaines sociétés peuvent renaitre plus justes d’une révolution, comme l’ont été toutes les démocraties occidentales crées après les royaumes. Mais cet effort de justice a toujours été insuffisant. Cultiver l’idée de liberté a rendu encore plus difficile l’équilibrage de ces forces individuelles innombrables. Les sociétés démocratiques sont donc instables et fragiles. Nous ne vivons pas sur un plateau d’altitude, nous sommes sur une pente : si nous ne nous améliorons pas, nous retombons. Et les citoyens effrayés par leur propre liberté, autant que par celle de leurs voisins qu’ils prennent toujours pour des ennemis, aspirent alors à une nouvelle dictature, où ils auraient le confort de l’esclave bien nourri.

L’histoire ne doit pas être enseignée, sans qu’on réfléchisse à ces questions : combien de temps peut on supporter une paix sans justice ? y a-t-il d’autres solution que la guerre pour combattre l’injustice ? L’histoire nous aidera à y répondre, grâce à l’étude du passé, mais n’apportera aucune certitude sur notre futur. L’avenir reste entre nos quatorze milliards de mains.

Pour une education citoyenne

Dans le système scolaire français, les programmes du primaire et du collège sont basés sur la notion de moyen. L’objectif pédagogique, c’est de permettre à l’élève d’acquérir les savoirs et les savoirs-faire qui lui permettront de s’intégrer à la société. Mais devant l’immensité des savoirs, cette éducation n’a pas de fin, ni d’objectif précis. Pour nos enseignants, il faudrait, comme eux, passer toute sa vie à l’école….

Cette vision a des vertus, notamment grâce à l’apprentissage de la lecture et du calcul, l’élève apprend peu à peu à être autonome, à penser tout seul. En utilisant les bibliothèques ouvertes de la république, il peut ensuite se forger tout seul une philosophie, un savoir, même s’il a quitté le système scolaire.

Mais cette éducation est déficiente car à l’adolescence les enfants sont pour la plupart dépourvus de conviction citoyenne. Les valeurs des droits de l’homme, ou encore celles de l’environnement leurs sont plus ou moins enseignées comme une teinture, une mode intellectuelle. Ce vernis peut éclater quand la situation sociale locale empire et fait se dégrader les conditions de vie des jeunes, ou lorsqu’ils sont confrontés à une injustice à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les partis populistes, les sectes, les extrémistes religieux apportent des solutions simples et recrutent facilement des fanatiques parmis une population d’agneaux.

Le système éducatif actuel enseigne aux enfants comme on imbiberait une éponge : on les plonge dans un liquide amniotique de savoirs variés, dont ils se remplissent passivement. Il faut au contraire leur construire une vision de la vie autour de valeurs universelles indiscutables. Par souci d’objectivité, les professeurs, ou les journalistes, ne veulent pas s’engager, ni prendre parti. C’est compréhensible, quand on se souvient de l’école de la troisième république, qui manipulait les petits français pour leur donner la détestation des nations ennemies. Mais c’est inefficace.

Liberté, égalité et fraternité sont des valeurs universelles, qui sont partagées spontanément par la plupart des humains qui réfléchissent sur leur condition et sur leur rapport aux autres humains. Mais ce sont des valeurs complexes, des forces contradictoires qu’il faut équilibrer (ma liberté doit s’arrêter quand elle s’attaque à celle de mon voisin, mon égal…). Les discours raciste, xénophobe ou sexiste, comme le discours hypercapitalistes sont volontairement plus simples et surtout confortent davantage l’intérêt égoiste de chacun. Les autres me sont inférieurs, je peux continuer à en profiter si je suis puissant, je peux chercher à les soumettre si je suis misérable.

L’école primaire doit apprendre aux enfants qu’ils sont des humains semblables, mais différents. Elle doit apprendre le respect, mais aussi enseigner l’histoire des injustices et des violences. Chaque matière doit être un moyen pour atteindre ce but, la citoyenneté. Les raisonnements logiques du calcul puis des mathématiques doivent permettre de comprendre la différence entre l’équité et la simple égalité. L’apprentissage de la langue principale et des autres langues doivent permettre à chaque enfant à comprendre et à être compris, à s’exprimer et à écouter les autres : ses camarades de classe comme les grandes voix du passé. L’histoire doit rappeler toutes les grandes injustices, les tyrannies, en les opposant à la recherche de la liberté et de l’égalité dans l’avénement des démocraties. La géographie et les sciences doivent permettre d’améliorer, de la maternelle au collège, notre perception de la nature, de notre environnement et de l’univers, la difficulté qu’il y a à comprendre ses lois, la recherche de la vérité et de l’objectivité avec le raisonnement scientifique, les hypothèses, les preuves et l’amélioration des théories. L’apprentissage des arts doit permettre de comprendre l’universalité humaine, sa diversité, sa fragilité et sa grandeur. Le sport doit permettre aux enfants de se confronter dans le respect, de situer leurs qualités et leurs défauts naturels, leur inculquer l’esprit d’équipe et leur prouver qu’ils peuvent progresser par l’effort.

A chaque occasion, l’enseignant doit faire prendre aux élèves une distance sur ce qu’ils ont appris, pour accrocher les savoirs nouveaux aux valeurs universelles permettant de vivre en société, comme des muscles autour d’un squelette moral. Nos enfants seront confrontés à l’injustice sociale, à la guerre : il faut armer leur esprit pour comprendre et résister.

L’école, jusqu’à l’adolescence doit être structurée autour de ce but : former des citoyens. L’enseignement professionnel, à partir de 14 à 16 ans, doit ensuite apprendre un métier à tous les jeune, avec des matières différenciées suivant les gouts et les possibilités de chacun. L’université doit ensuite permettre à chaque citoyen, quel que soit son âge, d’apprendre ce qu’il souhaite pour élever sa compétence ou simplement se cultiver.

Éloge de la grève

La grève est vilipendée par le gouvernement, qui “respecte le droit de grève”, mais dont les membres ne se privent pas pour dénigrer les grévistes, les déconsidérer comme des feignants, des profiteurs, des égoïstes qui ne pensent qu’à défendre leurs intérêts particuliers. Toute la droite soutient cette pensée (que cherchait déjà à m’inculquer ma défunte mère…). Les media conformistes développent avec complaisance les cas particuliers un peu ridicules, en ce moment les pilotes d’Air France, ou les cheminots, dont le statut feraient des privilégiés.

Même s’il est vrai qu’en d’autres temps certaines grèves malvenues n’ont servi qu’à dégrader l’image des syndicats, il faut se souvenir de ce qu’est vraiment la grève : un moyen non violent de lutte collective pour résister à l’exploitation par une minorité puissante d’une majorité de pauvres. Les riches ne font pas grève, les rois, les gouvernements font valoir leurs privilèges par la force de leur armée et de leur police.

Faire grève n’est jamais facile. Cela demande du courage : la plupart du temps, le temps de grève n’est pas payé.  10 jours de grève, c’est la moitié du salaire en moins à la fin du mois… Pendant les premières luttes sociales, il a fallu s’organiser en caisses de prévoyance. Les grévistes et leur famille souffraient. Si la convergence des luttes se met en place en 2018, cela signifiera des privations dans les familles, de vrais sacrifices pour tous ceux qui choisiront de vivre debout.

Faire grève n’est jamais simple. Un mouvement de grève réunit contre un projet ou une situation inacceptable des organisations, des populations disparates. Les syndicats, qui sont différents parce qu’ils défendent des personnes différentes, parce qu’ils prônent des sociétés différentes, n’ont pas la même vision de la justice et ont du mal à mettre au point des plate-formes de revendications, des contre-propositions cohérentes. Les intellectuels ont d’ailleurs du mal à se retrouver dans les slogans, les chansons naïves des grévistes, dans les  désordres de la foule.  Alors que le projet de la direction ou ou du gouvernement parait plus ordonné, même s’il se présente souvent voilé. On propose une réforme de la SNCF “pour l’ouvrir à la concurrence”, pour “mettre fin au privilège du statut”. Il s’agit “simplement” de désorganiser un peu plus les transports en commun, d’augmenter la part des sociétés privées et surtout leurs gains en bourse, lors des privatisations à venir. En réaction, les mots d’ordre sont parfois contradictoires. Il est évident pour tous que la situation actuelle pose des problèmes. Mais la solution proposée est encore plus néfaste… Ceux qui refusent un projet dangereux pour l’intérêt général apparaissent alors comme des réactionnaires, des passéistes, refusant de faire face aux problèmes.

Faire grève est un pari difficile : pour éviter une réforme néfaste à une entreprise, ou/et obtenir des avancées pour ses employés , on crée  une paralysie qui nuit au patron, certes, ou aux dirigeants publics, mais aussi, à court terme, aux clients ou usagers ; si la grève dure, on nuit aussi à l’image de l’entreprise, car les medias privilégient les usagers qui râlent, le gouvernement qui déplore… Ce moyen est toujours un ultime recours. En l’occurrence, c’est l’arrogance du gouvernement qui refuse de prendre en compte les contre-propositions syndicales et qui pense s’imposer avec une pseudo-concertation qui justifie les grèves actuelles. Lorsqu’une entreprise fait des bénéfices et qu’elle prévoit des licenciements, la grève et l’occupation des lieux de travail sont les seuls moyens des employés, même s’il plombent à court terme leur entreprise.

La grève est une violence minimale mais réelle, faite par les plus faibles contre les plus forts et n’est possible que si un grand nombre de grévistes sont mobilisés.  C’est un moyen de pauvres dans un rapport de force inégal.

Faire grève est un devoir pour les citoyens : il faut s’opposer à ces réformes perfides qui conduisent à plus d’injustice et vont contre l’intérêt général. Il faut réformer les transports, les services publics. Mais il ne faut surtout pas déstructurer les lignes, augmenter les couts de structure en multipliant les intervenants, pousser à la concurrence et puis à la faillite les sociétés éphémères, comme on l’a vu avec les “bus macrons”.  Le vote a laissé, comme souvent en cinquième république,  le pouvoir dans le moins mauvais des candidats. Mais ce la ne veut pas dire que ce qu’il va faire est bien. Il faut s’opposer avec force mais sans violence à toutes les réformes injustes et contre-productives. La grève est le meilleur moyen de cette résistance citoyenne, qui ajoute à notre république déficiente ce qu’il lui manque de dialogue et de construction.

Le vrai message de la grève doit être contre le démantèlement des services publics, pour l’intérêt général au dessus de l’intérêt particulier. La défense des statuts, des salaires doit passer au second plan, au moins tant que pour les moins favorisés, le minimum dans le public est au dessus du privé.

Il faudra ensuite dépasser la grève, pour passer à un mouvement démocratique positif, celui de la révolution tranquille vers une république juste et pour cela universelle.