L’hypercapitalisme est incompatible avec la sauvegarde de la nature et la justice.

Une organisation économique est essentielle a l’humanité depuis qu’elle a dépassé le stade du néolitihque.

Mais depuis cette période, l’espèce humaine a également modifié considérablement l’aspect de la planète, en faisant régresser les milieux naturels, par le feu, l’agriculture et l’élevage, et maintenant par la pollution et l’instabilité climatique.

Si l’espèce humaine a prospéré en nombre, la liberté qui la caractérise est en régression sur la majeure partie des pays. La justice, qui gère l’équilibre des libertés individuelles n’existe pas.

Face à ces deux échecs énormes, quelle est la réaction de l’économie mondiale ? Les grandes forces économiques sont principalement aux mains de très grands groupes privés, dont les dirigeants ne recherchent que leur propre intérêt, et, pour le groupe qu’ils dirigent, des profis énormes à court terme, avec un retour sur investissement de plus de 10%.

L’agriculture, l’industrie, les services ne créent pas directement de tels profits. Les échanges de biens et de services, dans une société juste et respectant la nature, se feraient à masse sensiblement égale : ils rapporteraient autant aux producteurs qu’aux consommateurs, et une bonne partie du profit devrait retourner à la terre qui les a engendrés.

Pour créer des profits énormes, les décideurs de ces grands groupes privés choisissent le déséquilibre :

En premier lieu, il faut déséquilibrer les rapports sociaux entre patrons et employés, pour augmenter la part de revenu des actionnaires aux dépens du réinvestissement dans la production, la protection de l’outil de travail et des salaires des employés et ouvriers.

En second lieu, il faut déséquilibrer les échanges entre les pays : favoriser les différences en laissant prospérer le nationalisme et renouveler les guerres entre voisins, privilégier les régimes autoritaires, dont les dirigeants sont plus corruptibles qu’en démocratie. la guerre favorise une production industrielle simplifiée, limite les contrôle, maximise les profits. les différences de frontières permettent de concentrer la production de l’industrie dans les pays non démocratiques où les ouvriers seront exploités au maximum. Pour limiter efficacement le pouvoir de l’Etat, de la collectivité, garants de l’intérêt général, le maintien de petites nations, sans réel pouvoir sur l’économie, est « capital ». Quant aux très grands pays, lorsqu’ils sont totalitaires il faut pouvoir acheter leurs dirigeants ; lorsqu’ils sont démocratiques, il faut y limiter le pouvoir de l’Etat en dessous de celui des grands groupes financiers.

En dernier lieu, il faut décrédibiliser toutes les forces qui souhaiteraient que la justice sociale et la protection de la nature soient plus fortes que le libéralisme économique, permettant aux plus forts d’écraser les plus faibles. Pour cela, on tue des dirigeants syndicaux, des journalistes, des protecteurs de la nature dans les pays peu démocratiques, on les marginalise dans les démocratie, en tournant en dérision les « utopies » sociales ou environnementales, en achetant de faux articles scientifiques, en mettant au pas des media complets. On réalise des actions pour le progrès social ou naturel qui n’auront qu’un effet mineur, en vantant la responsabilité sociale et environnementale des grandes entreprises dont le principal objet est la ruine de la planète.

Pour sauver l’humanité de la ruine et de la guerre à moyen terme, il faut avant tout combattre ses principaux ennemis et modifier l’organisation politique et économique de toute la planète. Cette révolution doit être mondiale et si chacun doit y prendre sa petite part, ce ne sont pas des efforts isolés qui la permettront, mais bien une dynamique collective.

Les mauvaises raisons du nucléaire

L’énergie nucléaire a été développée autoritairement en France pour des raisons qui n’en sont pas. Elle a été maintenue, toujours autoritairement, pas des gouvernements de gauche et de droite, enchainés par la spirale de ces arguments vicieux :

1. C’est d’abord un produit dérivé de la défense nucléaire. On construisait des bombes pour ne pas s’en servir, pourquoi pas des objets nucléaires utiles ?

2. Comme la bombe, l’énergie nucléaire est un élément de souveraineté et d’indépendance nationale. Pour ne plus dépendre du pétrole, nous nous somme précipité dans cette énergie alternative. C’était oublier qu’il fallait de l’uranium extrait dans des pays étrangers. Les ingénieurs français ont ensuite vendu leur technologie de pointe à d’autres pays, en Finlande, en Angleterre et en Chine, pour des raisons commerciales bien plus fortes que la raison d’État. Aujourd’hui, la France dépend de l’étranger également pour le traitement de l’uranium brut ou en déchet, en particulier… de la Russie ! Nous cherchons également à exporter nos déchets, bref, nous sommes loin de l’indépendance !

3. L’énergie nucléaire produit sur des sites centralisés d’énormes quantités d’énergie. Elle n’est pas chère et pourra être distribuée grâce à un système centralisé. Mais le transport fait perdre une forte proportion (30-50%) de l’énergie produite : un système de production centralisé est un énorme gâchis énergétique et les lignes à très haute tension ont un impact environnemental énorme.

4. La sécurité de tout ce système sera assuré par l’État, ses meilleurs ingénieurs, ses meilleurs fonctionnaires, ses meilleurs ouvriers. Le caractère centralisé convient particulièrement à cette mise en sécurité garantie par l’État. Cet argument, avec l’argument nationaliste, a convaincu la Confédération Générale du Travail et le parti communiste français…. Aujourd’hui, EDF a été démantelé en plusieurs sociétés privées, à capital d’Etat. La direction et le controle ne sont plus assurés par des hauts fonctionnaires ayant comme seul règle absolue l’intérêt général, mais soumis à la pression d’innombrables intérêts particuliers. Les travaux sont réalisés par toute une série de sous traitants difficilement controlables et moins formés. Les compétences et les savoir faire ne sont plus possédés par les jeunes ingénieurs fonctionnaires français.

5. Les déchets ont une durée de vie plurimillénaire : cela permet de toujours remettre la question de leur élimination et de leur stockage à plus tard. La procrastination et les calculs à court terme ont fait bon ménage dans les esprits pronucléaires… Pourtant c’est la longue durée des programmes, des investissements, qui a permis d’absorber toutes les erreurs de programmation, de calcul, qui a permis de faire accepter des dépenses d’investissement multipliées par dix par rapport aux prévisions. Mais les dépenses liées aux déchets seront toujours minimisées et négligeables, puisque sans cesse reportées.

6. Pour défendre les centrales contre les aggressions et le nucléaire contre les oppositions, on pourra utiliser le secret (et le mensonge) qui seront facilités par l’organisation centralisée, la chaine hiérarchique élitiste. Les ingénieurs géniaux qui maitrisent les processus de fission nucléaire sauront bien se protéger des malveillants, des tremblements de terre, des sécheresses, des terroristes : tout à été prévu par les meilleurs esprits, on ne risque rien… les murs ont été calculés à la bonne dimension. Une attaque aérienne sur les points fragiles ? Impossible, tout est sécurisé, l’armée veille. Qui aurait imaginé qu’on ferait vaciller les tours de New York avec un avion détourné au cutter…

7. Bien sûr, les énormes cheminées et les grosses installations, placées près de l’eau, indispensable au refroidissement, ne sont pas discrètes, mais, les colonnes de vapeur d’eau sont tellement plus jolies que les fumées noires des centrales à charbon ou à fuel. Pas de pollution directe visible… L’argument qui a relancé la filière, et qui existait déjà à l’origine, est justement l’absence de rejets carbonés. L’énorme consommation d’eau et le réchauffement des rivières à l’aval n’a pas été un problème écologique majeur, tant que l’eau ne manquait pas. la gestion des déchets est également placée sous le signe de la discrétion : on les enfouira ! ou on les exportera…

8. Enfin, ce système affirme au monde entier la force de la France, son niveau technologique, et l’exporte. Mais le choix des gouvernements français impose à ses voisins européens des risques réels. En cas d’incident grave, et l’état actuel des centrales n’est pas de nature à nous rassurer, ou d’attaque terroriste, les radiations toucheront tous nos voisins sous le vent, alors que la plupart d’entre eux n’ont pas fait le choix du nucléaire, et l’ont même démocratiquement écarté. Les aléas sont forts, les erreurs de conception et les fautes de réalisation et d’entretien par des sous traitants mal controlés sont tels que si on considère les probabilités, il y aura forcément des incidents graves et les centrales nucléaires françaises trop fragiles feront le malheur d’une bonne partie de l’Europe.

Le nationalisme est le batard que la royauté a fait à la république.

L’idée de nation a été utilisée par les souverains autocrates pour asseoir leur pouvoir. Il s’agissait d’unir un peuple, en utilisant sa peur de l’étranger, et la transformant en haine, pour garantir son unité derrière le souverain, protecteur de cette nation. Les serfs dépendait de leur seigneur, sans se sentir pour cela différents de leur voisins. Mais les sujets du roi se distinguent clairement des étrangers : ils utilisent la même monnaie, ont la même loi, voient passer dans mêmes uniformes leurs jeunes garçons raflés pour attaquer un autre pays, haïssent les envahisseurs qui viennent violent nos femmes.

Ce sont des idées philosophiques universalistes qui ont propulsé la révolution française : retrouver un gouvernement par le peuple, affirmer la liberté, l’égalité des chances… Mais une fois le roi en prison, les monarchies voicines ont menacé la république, qui s’est défendue par les armes à ses frontières. Pour lever des troupes, la république a utilisé l’idée de la défense de la liberté, contre les nobles, mais aussi la sauvegarde de la nation, en péril face au risque d’invasion. Et c’est probablement ce second argument, basé sur la peur séculaire de l’étranger, qui a été le plus développé et qui a sans doute été le plus efficace pour lever une armée populaire immense, qui par son nombre, a su faire barrage aux troupes monarchiques.

Après le coup d’état de Napoléon Bonaparte, la république est morte, mais les mêmes armées sont emmenées conquérir l’Europe un petit peu au nom de la liberté, mais beaucoup au nom de la supériorité nationale. L’ambiguité des motivations a d’ailleurs été entretenue par Napoléon, comme les anglais, de l’autre côté de la Manche, engageaient des troupes au nom de la liberté mise en péril par l’ogre impérial.

Dans toute l’Europe, les idées nationalistes se sont développées en même temps que les idées républicaines. Mais comme l’a montré l’histoire de l’indépendance italienne, où les républicains se sont effacés devant le roi du Piémont, et celle de la création de l’Allemagne, où l’union s’est faite derrière le Kaiser, le nationalisme est plus fort dans les coeurs que la démocratie. la liberté est confondue avec l’autonomie, le droit pour ceux qui parlent la même langue d’élaborer leurs propres lois.

Le nationalisme est devenu la tour de Babel du monde : les petits pays basés sur la langue et la coutume, s’opposent entre eux sans fin, les différences de loi empêchent des échanges justes entre les pays. Chaque pays qui se trouve fort par son armée se croit supérieur par l’esprit et autorisé à envahir les inférieurs. Chaque population opprimée par un oppresseur, dans le monde entier, se révolte au nom d’une nation, réunie par la haine de l’étranger. Le communisme a pu exister en Chine et au Vietnam, mais également à Cuba, grâce au nationalisme : il fallait se libérer des occidentaux, des japonais, des américains.

La tour de Babel des nationalismes n’en finit pas de s’effondrer :Ce nationalisme, qui a écrasé la république universelle, a engendré le colonialisme et deux guerres mondiales.