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Un juste combat ?

Gilets jaunes, ou manifestation féministe, guerres en Syrie, actes terroristes, sans parler des simulacres sportifs. La violence peut elle être juste ?

Combattre, s’est lutter ensemble. Pour un juste combat, il faut d’abord partager un objectif avec ses compagnons de lutte. Cet objectif peut être conjoncturel, et se réduire à se défendre contre un ennemi commun, mais pour s’entraider loyalement, il vaut mieux être clair sur ce qui se passera après… De ce point de vue, ni les gilets jaunes, où seule la colère est partagée, ni les printemps arabes, qui n’ont aucune plate forme commune, ne peuvent durer contre un ennemi trop fort.

Se battre ensemble contre une injustice identifiée, comme les manifestations féministes actuelles, c’est bien, mais ça ne suffit pas à définir un objectif plus juste. Il faut s’être entendu sur des propositions apportant plus de justice, au moins sur un point précis ; et ces propositions doivent être précises pour être applicables. Le mouvement des droits civiques, en Amérique était assez clair : abolir les inégalités législatives des états, en contradiction avec les textes fédéraux fondateurs. En laissant subsister les inégalités sociales, il s’est néanmoins révélé impuissant à changer la société en profondeur.

Enfin, un combat juste doit aussi se contenter de moyens dignes : des actions dirigées contre les vrais ennemis sans porter atteinte aux innocents, pas de violence physique contre les personnes, sous réserve de légitime défense, pas de torture, pas de mensonge. Seules des victoires acquises ainsi, par des combattants non violents unis par des valeurs partagées, en nombre très supérieur à celui de leurs oppresseurs, pourront établir la paix, sans relancer l’esprit de revanche, la vengeance et la haine.

Ce n’est pas en empêchant des gens ordinaires de se déplacer, de travailler, alors que les responsables visés ne sont pas inquiétés, ce n’est pas en réclamant une baisse des impôts sur les carburant sans augmentation des transports en commun, ce n’est pas en manipulant la colère des autres qu’on améliorera notre société. Transformons cette énergie dans de plus justes combats. Discutons ensemble d’une vraie reconstruction sociale et écologique, sans nous contenter de la défense de notre petit confort, menons un combat durable en prenant le risque du partage, de la loyauté et de l’ouverture.

Dessillez vos yeux…

Tout le monde est fou de joie parce que onze joueurs ont adroitement tapé dans un ballon. Les rues sont pleines de gens en délire, enveloppés dans des drapeaux et hurlants. Lorsque quatorze enfants ont été sauvés grâce aux efforts de plongeurs et au sacrifice de l’un deux, la nouvelle a été saluée, mais n’a pas déclenché une telle ferveur. C’est du spectacle. D’accord, mais avec tous les festivals d’été, des moments magiques, de danse, de théâtre, de musique existent tous les soirs.  Les finales d’autres sports ont été également belles, et sans dopage, hyperentraînement, hypersalaires et sans  corruption.

Soyons objectifs, si tous les Français se sentent fiers de cette victoire alors qu’ils n’y sont pour rien et que la plupart ne jouent pas au football, c’est qu’on les a menés à se sentir ainsi. Tous les media sont orientés vers cet évènement, depuis plusieurs années. Des financements publics et privés incroyables rendent possible le football professionnel ; on a même déclaré d’intérêt général la construction d’un stade privé à Lyon (sur des terres agricoles…). Le foot est le meilleur moyen pour distraire les gens, les détourner d’une prise de conscience politique et les éloigner de la nécessaire révolution des institutions.

L’utopie est à portée de main, il suffirait que le même effort de communication que celui consacré au sport professionnel soit tourné vers l’éducation civique, en illustrant liberté, égalité fraternité ; cela rendrait possible une révolution citoyenne. Aujourd’hui, nous n’avons que des veaux meuglant dans la rue.

Vive le train !

Le message des grévistes de la SNCF est souvent troublé, détourné, caricaturé. Mais l’essentiel est là : la réforme prévue par le gouvernement ne va pas sauver la SNCF, mais la désorganiser. Elle ne constitue pas la vraie révolution des transports dont notre pays, dont le monde entier a besoin.

Avec un monde surpeuplé, principalement urbain, avec un changement climatique majeur lié à la pollution issue des industrie et des voitures, il faut absolument privilégier nettement les transports en commun et limiter la voiture individuelle. Aujourd’hui, le train et ses succédanés urbains, le metro et le tram, sont les moyens de transport les plus efficaces et les moins nocifs à l’environnement. La politique des États doit largement les favoriser.

L’ouverture des transports publics au privé, à la concurrence est un leurre. Le coût pour l’usager du transport qu’il soit la voiture, l’avion, le train est avant tout lié aux dépenses publiques : le cout réel de la voiture est lié aux routes et autoroutes, crées par l’État et les collectivités, et aux carburants, dont la majeure partie vient des taxes et dont le cout d’extraction initial est lié, comme tous les produits miniers, à des recettes publiques des pays producteurs de pétrole. La voiture roule en majeure partie avec des dépenses et des recettes publiques ! Son développement anarchique doit être stoppé, pour protéger la planète de l’étouffement !

Il faut renverser complètement la politique actuelle :

  • concevoir un nouveau réseau ferré au service des usagers,
  • renationaliser les autoroutes et augmenter les péages, en les différenciant en fonction de l’effet carbone
  • augmenter fortement le coût des carburants, notamment du diesel
  • atteindre rapidement, par la politique fiscale et l’organisation du réseau, 2 objectifs simples :
    • pour l’usager : aller en train d’une ville à une autre, et en metro ou tram à l’intérieur d’une ville doit être moins cher que faire ce trajet en voiture individuelle
    • pour les marchandises : le transport en camion ne doit plus concerner que les petits trajets <100 km.

Avec cette nouvelle politique, l’organisation du service public sur ce réseau devra être confié à des entreprises publiques, nationales ou régionales.  Le niveau national permet une péréquation des recettes, mais le niveau régional est plus proche de la gestion réelle. Par contre, les employés de base de cette organisation pourront être des salariés de droit privé, et les sous-traitants des entreprises privées. Les entreprises publiques doivent rester des structures stables, solides, mais légères.

Les décisions concernant les services publics doivent être prises par des élus et des fonctionnaires soucieux de l’intérêt général. Tout laisse à penser que les politiques et hauts fonctionnaires issus de l’ENA depuis plusieurs générations ont perdu ce sens de l’intérêt général au profit d’une perspective personnelle dévoyée: le pantouflage , reclassement dans une entreprise para publique hyper-capitaliste avec des salaires déconnectés du monde du travail réel.

Ces réseaux et cette politique doivent absolument être harmonisés au niveau mondial, pour sauver la planète de l’engorgement du modèle de la voiture individuel. Il faut faire grève pour plus de train, moins de camions, moins de voiture, plutôt que pour un statut de cheminot.

Attention, le fédéralisme peut cacher le nationalisme…

La crise catalane, les revendications corses cachent la même stupide xénophobie. Qu’on ne s’y méprenne pas, les catalans ont eu raison de lutter pour pouvoir s’exprimer en catalan, et ont raison de marquer cette différence et de continuer à faire vivre leur culture. De même les Corses ont maintenu une culture exceptionnelle et peuvent en être fiers. Mais vouloir édicter des lois particulières, donner des droits plus importants aux citoyens d’une ile, d’une région, c’est faire des différences fondamentales entre les hommes en considérant que les étrangers sont inférieurs en droit. C’est du fascisme, comme tous les nationalismes.

Le fédéralisme européen favorise paradoxalement ces retours xénophobes. Il a en effet regroupé des pays autour de traités libre-échangistes et monétaires, mais a échoué à rendre cohérentes les lois des Etats restés souverains .  Certains pays peuvent évoluer en démocratures ; les impôts sont différents et favorisent la délocalisation, en créant de la concurrence entre États au lieu d’en créer entre entreprises. Ce fédéralisme est préférable à la guerre, mais il laisse toute la place à la haine, en laissant prospérer les injustices et la xénophobie.

Les grandes régions ou les pays et leurs communes sont bien le meilleur niveau de décision pour toutes les décisions politiques contingentes : comment organiser localement l’administration, quel budget pour l’année prochaine, quelles activités culturelles ou sportives favoriser. C’est le bon niveau pour la gestion des organismes publics comme les hôpitaux, les écoles, les agences de protection de la nature et de l’eau.

Mais les lois doivent concerner l’humanité, sans faire de différence entre les êtres humains. Ce niveau c’est celui de l’État universel, qu’il faut concevoir comme une structure simple, solide, permettant aux pays ou aux régions de gérer l’économie, la culture, l’environnement, la santé, avec des principes communs, mais en s’adaptant aux particularismes locaux et aux priorités régionales.

 

Nature, eau et forêt, une réglementation cache-misère…

La conception des rapports entre l’homme et la nature est une controverse philosophique ancienne. Entre la nature sauvage, qu’il faut réduire et dominer et la mère nature, qu’il faut suivre et respecter, deux conceptions s’affrontent depuis longtemps. Au vingtième siècle, la notion de développement durable, s’est imposé, comme un compromis, dans les lois de nombreux pays et dans les accords internationaux : l’homme se développe aux dépens de la nature, mais il doit modérer ses besoins pour pouvoir continuer à vivre sur une planète finie. Il doit notamment préférer les ressources renouvelables , le bois, par exemple, aux ressources fossiles. Il doit protéger les espèces, les milieux, les sites rares, remarquables pour ne pas porter atteinte au capital naturel, mais se contenter d’en récolter les intérêts.

Au début du vingt-et-unième siècle, une théorie subséquente pointe dans le droit français, mais aussi dans les accords internationaux sur le carbone : on peut continuer notre développement, il suffit de compenser ses impacts. Tous les projets sont acceptables, à condition de les accommoder de prescriptions environnementales, dont cette fameuse compensation. Grosso modo, on évite de porter atteinte aux espaces et espèces rares, mais on peut porter atteinte à la nature banale si par ailleurs, pas trop loin de préférence, on restaure cette même nature. Cette théorie relativiste recueille l’assentiment des libéraux : la croissance n’est pas finie ! Les ultralibéraux se plaignent néanmoins des contraintes environnementales toujours croissantes et des difficultés de mise en œuvre… Le principe éviter/réduire/compenser rassure la plupart des environnementalistes.

Mais c’est une imposture, car la nature a été beaucoup trop perturbée par le développement non durable des deux derniers siècles pour que ce modèle fonctionne : le climat est déjà perturbé, les grands massifs forestiers tropicaux  sont réduits inexorablement, sans qu’aucune organisation politique stable ne puisse l’empêcher. Dans les pays développés, les grands massifs naturels peu anthropisés n’existent plus ; les espèces avec de grands espaces vitaux sont éliminées ou posent des problèmes sociaux graves (l’ours ou le loup chez nous, le tigre en Asie…).

Bien entendu, je ne souhaite pas un respect absolu de la nature : l’arrêt de la chasse favoriserait les grands herbivores aux dépens de nos forêts, l’arrêt de l’élevage, bien plus impactant que la chasse, mettrait notre espèce en danger, l’arrêt  du défrichement, là où il est indispensable pour la survie alimentaire, serait une injustice grave, par rapport à toute l’histoire du développement humain. Mais les équilibres naturels qui ont été bouleversés doivent être restaurés pour que l’humanité survive. Il ne s’agit pas seulement de compenser l’impact d’un petit projet, il faut de grands programmes de renaturation, à l’échelle mondiale. Il faut aussi faire revenir la nature et les arbres dans nos cultures, nos prairies et nos villes. C’est techniquement possible, mais il faut changer nos méthodes.

Mais le premier ennemi de la nature, ce n’est pas l’industrie ou l’agriculture, dont on peut effectivement limiter les effets, c’est la guerre et l’injustice politique sur la majeure partie du globe, qui empêche toute politique de long terme en faveur de la nature. Pour rééquilibrer la nature, il faut une révolution universelle pacifique.

 

L’illusion réformiste

Avec ce nouveau gouvernement et cette nouvelle assemblée, toutes ces nouvelles têtes, sans doute beaucoup de Français se laissent ils aller à un optimisme teinté d’un peu de distanciation, mais surtout de réconfort. « on va attendre pour voir, laissons leur leur chance ». Mais quelle chance de changer le monde ont Philippe et Macron, même avec Hulot dans leur équipe ? Si une réforme dangereuse pour l’industrie pétrolière, nucléaire ou chimique est envisagée, elle avortera ou se transformera en papier peint vert sur un mur en train de s’écrouler. La politique européenne parait aussi sous de meilleurs auspices, mais ne nous leurrons pas, il n’y aura aucun abandon de souveraineté, pour l’armée comme pour la TVA. On pourra avoir des machins en plus, mais pas de suppression des inégalités nationalistes.

Sans révolution qui casse les frontières et reconstruise un nouvel espoir commun à tous les hommes, et pas seulement aux français privilégiés, les meilleures réformes ne font que nous conforter dans notre château fort, en laissant le tiers monde opprimé nous assiéger.

La société de la mauvaise foi

Le monde où nous vivons, avec ces terribles injustices rend schizophrènes les habitants des pays privilégiés. Comment supporter, en étant éduqué, informé régulièrement, de savoir qu’on vit confortablement avec des soucis qui sembleraient dérisoires aux habitants de la Syrie, du Yemen, du Soudan ou même de l’Ukraine, de la Chine ou de l’Inde ?

Et bien, pour résister à cette pression inconscience constante, on se ment à soi même.

Premier mensonge : un plongeon dans l’indifférence : mes problèmes sont les seuls d’importance. On ne nait pas égoïste, on le devient peu à peu, c’est un mouvement de survie. On ne s’imagine plus à la place des autres, c’est trop dangereux pour sa santé intellectuelle.

Second mensonge, parmi toutes les informations qui nous sont délivrées, on ne retient que celles qui confortent notre égoïsme, même si elles n’émanent que d’une source douteuse, un lobby, des hackers ou son voisin de bistrot. Toutes les autres informations, celles qui dérangent, même si elles proviennent de sources scientifiques variées et concordantes, de journalistes sans intérêt financier direct, même si ces informations sont vérifiables, sont repoussées avec colère. Ceux qui nous demandent des efforts de solidarité sont des menteurs, des corrompus. Avec la supériorité de l’euro-climato-sceptique, on peut mépriser la « gauche caviar » et discréditer par avance toutes les réformes généreuses.

Des responsables catholiques renvoient dos à dos les candidats à l’élection présidentielle et considèrent que le mariage entre homosexuels est au moins aussi grave que le refus d’accueillir des migrants en détresse, nos prochains suivant l’enseignement de Jésus. Ceci démontre avant tout leur mauvaise foi.

Et ces mensonges font abandonner tout esprit critique propre : Même si le changement climatique n’était pas directement causé par l’homme, ne faudrait il pas réfléchir à la décroissance, nécessaire aussi par rapport à la surpopulation et au caractère limité des ressources planétaires ? Même si Macron était déjà corrompu et augmentait le poids politique des financiers, ne faudrait il pas quand même faire barrage à l’extrême droite qui nous mène beaucoup plus rapidement à la haine, à la ruine et à la guerre civile ?

Voter utile, mais résister dans tous les cas

Le second tour des élections présidentielles françaises de 2017 démontrent bien les dangers de la cinquième république : quatre candidats se sont partagés à parts presque égales plus de 80% des votes ; l’abstention était encore plus importante (25% environ). Aucun ne portait sans doute un programme réunissant un consensus acceptable par une vraie majorité. Chacun des quatre se voulait « anti-système », contre le pouvoir des syndicats, des medias, de l’Europe ou des pseudo-élites.

Au second tour, les citoyens responsables ont bien du mal à se prononcer. Les plus en colère voteront pour la candidate de la haine nationaliste. Les plus nombreux, sans doute, s’abstiendront. Mais pour éviter le pire, il faut voter pour le candidat qui bouleversera le moins la république française, insuffisante, mais qui reste un  îlot de démocratie dans un monde en crise.

Ce candidat est un banquier opportuniste, qui prône  un libéralisme à peine bridé. S’il est élu, quelles que soient les alliances qu’il sera amené à construire pour gouverner, l’injustice prospérera, la colère augmentera encore. Il ne faut pas accepter cette évolution comme une fatalité, mais profiter de toutes les occasions pour mener une résistance démocratique : constituer, aux législatives puis dans l’assemblée, un groupe d’opposition qui pèse sur les décisions, recréer un parti qui fasse la promotion d’une société plus équitable, et surtout plus ouverte, manifester pacifiquement contre toutes les décisions ou non décision de court-terme (comme le maintien du nucléaire) qui ne facilitent la vie qu’aux riches et rendent le monde plus difficile à vivre pour la majorité.

Si c’est le parti de la haine qui est porté au pouvoir, cette opposition devra être encore plus résolue. Notre travail, notre sécurité, notre dignité seront directement et immédiatement en jeu.

Colère n’est pas justice

« Sainte colère » : l’expression existe depuis le récit de Jésus, chassant les marchands du temple. Dans la Genèse, Dieu se met déjà en colère contre sa création. Chacun a déjà expérimenté, une indignation puis un sentiment de colère devant une injustice. La colère est un sentiment humain qui résulte du choc de plusieurs idées : quelqu’un qui m’est proche, ou moi même, subit un dommage, quelqu’un d’autre en profite indûment, la société, les autres en général, trouvent normal cette situation. Je constate un déséquilibre, que les puissants qui m’entourent semblent causer ou au moins approuver, et une pulsion violente me pousse à rétablir la justice en frappant le côté favorisé. La violence semble nécessaire pour lutter contre plus puissant que soi. Elle s’exprime par des cris, puis si elle ne peut trouver d’autre exutoire, par des gestes violents.

Mais si la colère semble fondée sur le sentiment d’injustice, ce sentiment peut être une appréciation faussée de la situation. Dans la mesure où la partie qui semble lésée m’est liée, je  ne suis pas le mieux placé pour juger équitablement de la situation. D’autre part, la violence, qui résulte immédiatement de ce sentiment fort, n’est pas toujours bien dirigée : elle peut frapper quelqu’un qui n’est pas la vraie source de l’injustice,. Enfin cette violence est toujours disproportionnée : quelqu’un vous vole et vous cherchez à le tuer.

La « juste colère » que ressentent la plupart des humains devant les injustices criantes qu’eux ou leurs proches subissent se transforme ainsi en réactions contre-productives : le terrorisme, contre les puissants qui semblent irrémédiablement nous dominer ou le vote xénophobe, contre les étrangers qui nous menacent.

L’indignation à laquelle appellent les justes ne doit pas se transformer en violence injuste. Ne prenons pas les armes de nos ennemis. Les super-héros qui rétabliront la justice n’existent pas. La violence extrême et sans objectif précis des petits groupes en colère, l’acte terroriste ou le vote xénophobe, n’atteignent que les soutiens volontaires ou passifs de ces dominants et, au final, les renforcent. Utilisons la force de la solidarité  : les faibles opprimés, et leurs frères qui les écoutent, s’ils se redressent tous ensemble, dans un but clairement exprimés, feront plier les tyrans.

Peuples coupables ?

La France doit-elle faire des excuses pour l’esclavage et la colonisation auxquelles l’Etat français a eu plus que sa part, avec le code noir de Colbert, mais aussi avec le refus de la république d’accorder un statut de citoyens aux « indigènes ».  L’Allemagne se repent toujours du nazisme, les Etats Unis étouffent la culpabilité de l’extermination des indiens. La Russie ne devrait elle pas battre sa coulpe pour les pogroms et le goulag stalinien ? Poutine cherche plutôt à minorer ces « accidents » de l’histoire. Le nationalisme et le colonialisme en œuvre dans l’Israël d’aujourd’hui ne peuvent être justifiés par les camps de concentration nazis ou les pogroms staliniens.

Il faut se souvenir de ces crimes collectifs, dont étaient pleinement responsables ceux qui les avaient planifiés, justifiés, ordonnés, consacrés dans la loi, mais aussi tous ceux qui les avaient rendu possible par leur passivité, en les minorant, les niant, pour pouvoir dormir la nuit. Mais les nations ne sont pas des individus. Leur histoire personnalisée n’est qu’un mythe. L’humanité n’a qu’une seule histoire commune.  Un regard sur le passé qui considère des peuples anciens comme encore vivants est toujours partial.

Les hommes sont tous responsables, à un degré plus ou moins important, des crimes qui se passent durant leur vie (et il y en a assez pour remplir notre conscience). Nous devons tous nous blâmer pour la Syrie écrasée sous les bombes. Mais aucun humain né après 1945 n’a à se sentir coupable pour le nazisme ou l’esclavage. Par contre, si nous refusons d’étudier l’histoire, si nous l’enjolivons, nous favorisons un retour des horreurs. Louis XIV, c’était Versailles, la conservation des Eaux et Forêts, mais c’était surtout le code noir,, la guerre, la famine, les nobles qui ruinaient la province pour engraisser la cour, la corruption organisée des fermiers généraux, les artistes soumis au pouvoir.  Tirons en objectivement des leçons pour mieux maintenir la liberté, l’égalité et la fraternité, n’en retirons pas une culpabilité ou une justification mensongère.