Les idées des nationalistes semblent en ce moment progresser dans les opinions mondiales à grand pas, du fait de la peur, de l’égoisme, et de la manipulation de ces sentiments par des propagandistes sans scrupule.

Parmi ces idées nationalistes, la conviction la plus répandue, aujourd’hui comme hier, est que « la fin veut les moyens« . Pour sauver l’empire, le royaume, la France, on ment, on tue, on torture, on envoie des brutes mercenaires faire « le sale boulot ». On préfère les nationaux aux étrangers. On renvoie des terroristes dangereux « dans leur pays », parce que ca sera moins risqué pour nous, suivant un calcul douteux.

Ce mode de pensée n’est pas réservé aux nationalistes : les hypercapitalistes mettent des ouvriers productifs au chômage, pour le profit sacré des actionnaires, les fanatiques religieux déforment la vérité, oublient les principes de leur foi ad majorem dei gloriam. Au XXième siècle, ces trois tendances, nationaliste, hypercapitaliste et fanatique religieuse, si elles ne dirigent pas le monde, le font bouger et même vaciller.

Ceux qui veulent s’opposer à cela voient du coup leurs exigences morales augmenter : il ne faut pas céder à la realpolitik. Il n’y a aucun intérêt à moyen et long terme à dire des mensonges ou à les laisser dire sans les relever à un allié. Il ne faut pas accepter les généralisations abusives dans les conversations, il ne faut pas de petit mensonge, ni de demi vérité. Il faut argumenter honnêtement ses propos, ne pas admettre l’injustice parce que « tout le monde le fait ». L’accueil des exilés pour raison politique et économique est un devoir pour les vrais républicains, pas une simple opportunité économique. On ne peut pas être intransigeant vis à vis des insultes et des actes racistes dans le cadre général et les tolérer lorsqu’elles proviennent d’agriculteurs ou de policiers en colère, même si on comprend leur désarroi.