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L’individualisme mène à la soumission

Le vingtième siècle est dans les sociétés occidentales libérales marqué par une évolution forte de l’individualisme. L’individualisme est le fruit  de l’affirmation de la liberté individuelle dans la déclaration d’indépendance des états unis d’Amérique, de la révolution française. Mais à la fraternité souhaitée s’est peu à peu substitué  l’égoïsme. La propriété, valeur fortement affirmée des sociétés bourgeoises et agricoles, a toujours été mieux défendue que la solidarité, et elle a triomphé lors de l’effondrement du mur de Berlin. Le libéralisme est un concept flatteur, car il revêt de liberté le capitalisme. Aujourd’hui on exploite des moutons consentants.

L’art populaire exalte, depuis plusieurs siècles, bien davantage l’individu que le groupe. Le romantisme, le cinéma, le journalisme magnifient les héros auquel chacun pourra s’identifier, de Napoléon à Macron, de Rudolf Valentino à Johnny Halliday. Toute notre culture est tournée vers la défense de l’individu opprimé par la société, la famille, la religion. En faisant exploser des carcans, on a nié l’importance des règles communes, du contrat social. La libération sexuelle et pédagogique de 1968 comportait une part d’utopie communautaire, mais si certains soixante-huitards ont réussi leur retour à la campagne, les communautés de vie, sans règles structurantes, ont sombré dans l’échec et le ridicule.

« Chacun son chemin » est maintenant la devise des vieux soixante-huitards comme des jeunes rappeurs. Payer ses impôts parait une charge inadmissible. Pourquoi serais-je payé autant que mon voisin, un crétin qui ne fait pas grand chose et passe son temps au café ? Pourquoi aider les clochards, ils n’ont qu’à travailler. Pourquoi faudrait il accueillir les pauvres de la planète ? Ils n’ont qu’à développer leur pays, avec tout l’argent qu’on leur donne.  Un patron est-il payé 10000 fois plus que ses employés, il est considéré comme méritant.. et particulièrement courageux quand il en licencie une partie. Faire grève est nuisible : pourquoi une minorité en colère d’hommes exploités, imposerait-elle ses conditions aux patrons et à la majorité servile ?

En se penchant un peu sur cette lente évolution, on découvre que cet individualisme culturel a été promu pour qu’aucun mouvement collectif fort ne puisse renverser la domination des puissants. Le peuple se sentait opprimé par ses rois, aujourd’hui il râle contre ses élus, mais se fait manipuler par la publicité, le sport, l’illusion de l’ascenseur social. Une majorité « silencieuse » et conservatrice vote pour un leader fort, qui le rassure. On se rassure, pour ceux que la morale démange, en se disant qu’on a choisi « le moins pire », alors qu’un système qui élit un seul homme pour gouverner tout un pays n’est pas pleinement démocratique. Vive la dictature qui nous préserve du chaos ! Chacun dans sa coquille, les épreuves passeront sans nous toucher…

A cet individualisme correspond également une individualisation des pays. Chacun s’identifie à une nation, non pas pour glorifier un collectif, mais pour se protéger des étrangers qui viendraient limiter notre prospérité, notre liberté de consommer à tout crin. Individualisme et nationalisme refusent tout partage.

Ne nous soumettons plus, regroupons nous autour des valeurs fondamentales de la liberté, de l’équité et de la solidarité. Acceptons de partager l’espace, le travail  et nos espoirs avec tous les autres.

 

Vive le train !

Le message des grévistes de la SNCF est souvent troublé, détourné, caricaturé. Mais l’essentiel est là : la réforme prévue par le gouvernement ne va pas sauver la SNCF, mais la désorganiser. Elle ne constitue pas la vraie révolution des transports dont notre pays, dont le monde entier a besoin.

Avec un monde surpeuplé, principalement urbain, avec un changement climatique majeur lié à la pollution issue des industrie et des voitures, il faut absolument privilégier nettement les transports en commun et limiter la voiture individuelle. Aujourd’hui, le train et ses succédanés urbains, le metro et le tram, sont les moyens de transport les plus efficaces et les moins nocifs à l’environnement. La politique des États doit largement les favoriser.

L’ouverture des transports publics au privé, à la concurrence est un leurre. Le coût pour l’usager du transport qu’il soit la voiture, l’avion, le train est avant tout lié aux dépenses publiques : le cout réel de la voiture est lié aux routes et autoroutes, crées par l’État et les collectivités, et aux carburants, dont la majeure partie vient des taxes et dont le cout d’extraction initial est lié, comme tous les produits miniers, à des recettes publiques des pays producteurs de pétrole. La voiture roule en majeure partie avec des dépenses et des recettes publiques ! Son développement anarchique doit être stoppé, pour protéger la planète de l’étouffement !

Il faut renverser complètement la politique actuelle :

  • concevoir un nouveau réseau ferré au service des usagers,
  • renationaliser les autoroutes et augmenter les péages, en les différenciant en fonction de l’effet carbone
  • augmenter fortement le coût des carburants, notamment du diesel
  • atteindre rapidement, par la politique fiscale et l’organisation du réseau, 2 objectifs simples :
    • pour l’usager : aller en train d’une ville à une autre, et en metro ou tram à l’intérieur d’une ville doit être moins cher que faire ce trajet en voiture individuelle
    • pour les marchandises : le transport en camion ne doit plus concerner que les petits trajets <100 km.

Avec cette nouvelle politique, l’organisation du service public sur ce réseau devra être confié à des entreprises publiques, nationales ou régionales.  Le niveau national permet une péréquation des recettes, mais le niveau régional est plus proche de la gestion réelle. Par contre, les employés de base de cette organisation pourront être des salariés de droit privé, et les sous-traitants des entreprises privées. Les entreprises publiques doivent rester des structures stables, solides, mais légères.

Les décisions concernant les services publics doivent être prises par des élus et des fonctionnaires soucieux de l’intérêt général. Tout laisse à penser que les politiques et hauts fonctionnaires issus de l’ENA depuis plusieurs générations ont perdu ce sens de l’intérêt général au profit d’une perspective personnelle dévoyée: le pantouflage , reclassement dans une entreprise para publique hyper-capitaliste avec des salaires déconnectés du monde du travail réel.

Ces réseaux et cette politique doivent absolument être harmonisés au niveau mondial, pour sauver la planète de l’engorgement du modèle de la voiture individuel. Il faut faire grève pour plus de train, moins de camions, moins de voiture, plutôt que pour un statut de cheminot.

Éloge de la grève

La grève est vilipendée par le gouvernement, qui « respecte le droit de grève », mais dont les membres ne se privent pas pour dénigrer les grévistes, les déconsidérer comme des feignants, des profiteurs, des égoïstes qui ne pensent qu’à défendre leurs intérêts particuliers. Toute la droite soutient cette pensée (que cherchait déjà à m’inculquer ma défunte mère…). Les media conformistes développent avec complaisance les cas particuliers un peu ridicules, en ce moment les pilotes d’Air France, ou les cheminots, dont le statut feraient des privilégiés.

Même s’il est vrai qu’en d’autres temps certaines grèves malvenues n’ont servi qu’à dégrader l’image des syndicats, il faut se souvenir de ce qu’est vraiment la grève : un moyen non violent de lutte collective pour résister à l’exploitation par une minorité puissante d’une majorité de pauvres. Les riches ne font pas grève, les rois, les gouvernements font valoir leurs privilèges par la force de leur armée et de leur police.

Faire grève n’est jamais facile. Cela demande du courage : la plupart du temps, le temps de grève n’est pas payé.  10 jours de grève, c’est la moitié du salaire en moins à la fin du mois… Pendant les premières luttes sociales, il a fallu s’organiser en caisses de prévoyance. Les grévistes et leur famille souffraient. Si la convergence des luttes se met en place en 2018, cela signifiera des privations dans les familles, de vrais sacrifices pour tous ceux qui choisiront de vivre debout.

Faire grève n’est jamais simple. Un mouvement de grève réunit contre un projet ou une situation inacceptable des organisations, des populations disparates. Les syndicats, qui sont différents parce qu’ils défendent des personnes différentes, parce qu’ils prônent des sociétés différentes, n’ont pas la même vision de la justice et ont du mal à mettre au point des plate-formes de revendications, des contre-propositions cohérentes. Les intellectuels ont d’ailleurs du mal à se retrouver dans les slogans, les chansons naïves des grévistes, dans les  désordres de la foule.  Alors que le projet de la direction ou ou du gouvernement parait plus ordonné, même s’il se présente souvent voilé. On propose une réforme de la SNCF « pour l’ouvrir à la concurrence », pour « mettre fin au privilège du statut ». Il s’agit « simplement » de désorganiser un peu plus les transports en commun, d’augmenter la part des sociétés privées et surtout leurs gains en bourse, lors des privatisations à venir. En réaction, les mots d’ordre sont parfois contradictoires. Il est évident pour tous que la situation actuelle pose des problèmes. Mais la solution proposée est encore plus néfaste… Ceux qui refusent un projet dangereux pour l’intérêt général apparaissent alors comme des réactionnaires, des passéistes, refusant de faire face aux problèmes.

Faire grève est un pari difficile : pour éviter une réforme néfaste à une entreprise, ou/et obtenir des avancées pour ses employés , on crée  une paralysie qui nuit au patron, certes, ou aux dirigeants publics, mais aussi, à court terme, aux clients ou usagers ; si la grève dure, on nuit aussi à l’image de l’entreprise, car les medias privilégient les usagers qui râlent, le gouvernement qui déplore… Ce moyen est toujours un ultime recours. En l’occurrence, c’est l’arrogance du gouvernement qui refuse de prendre en compte les contre-propositions syndicales et qui pense s’imposer avec une pseudo-concertation qui justifie les grèves actuelles. Lorsqu’une entreprise fait des bénéfices et qu’elle prévoit des licenciements, la grève et l’occupation des lieux de travail sont les seuls moyens des employés, même s’il plombent à court terme leur entreprise.

La grève est une violence minimale mais réelle, faite par les plus faibles contre les plus forts et n’est possible que si un grand nombre de grévistes sont mobilisés.  C’est un moyen de pauvres dans un rapport de force inégal.

Faire grève est un devoir pour les citoyens : il faut s’opposer à ces réformes perfides qui conduisent à plus d’injustice et vont contre l’intérêt général. Il faut réformer les transports, les services publics. Mais il ne faut surtout pas déstructurer les lignes, augmenter les couts de structure en multipliant les intervenants, pousser à la concurrence et puis à la faillite les sociétés éphémères, comme on l’a vu avec les « bus macrons ».  Le vote a laissé, comme souvent en cinquième république,  le pouvoir dans le moins mauvais des candidats. Mais ce la ne veut pas dire que ce qu’il va faire est bien. Il faut s’opposer avec force mais sans violence à toutes les réformes injustes et contre-productives. La grève est le meilleur moyen de cette résistance citoyenne, qui ajoute à notre république déficiente ce qu’il lui manque de dialogue et de construction.

Le vrai message de la grève doit être contre le démantèlement des services publics, pour l’intérêt général au dessus de l’intérêt particulier. La défense des statuts, des salaires doit passer au second plan, au moins tant que pour les moins favorisés, le minimum dans le public est au dessus du privé.

Il faudra ensuite dépasser la grève, pour passer à un mouvement démocratique positif, celui de la révolution tranquille vers une république juste et pour cela universelle.

De l’empathie à la haine

Les dirigeants d’extrême droite, prenant la suite des sorciers des sociétés primitives, exaltent la haine de l’étranger. A la peur spontanée du nouvel arrivant, qui spolierait des premiers habitants, s’ajoute un autre ressort psychologique plus complexe, sur lequel s’appuient les fascistes.

Une famille de migrants, dans le dénuement, déclenche en premier lieu un sentiment d’identification, puis de solidarité chez la plupart des humains. Ces sentiments découlent de la liberté individuelle et de la responsabilité que ressentent tous les êtres capables de conscience, d’imagination et d’identification à l’autre. Certains, par leur culture, leurs valeurs sont préparés à cela et s’engagent pour accueillir l’étranger.

Mais chez la plupart, lorsque succède à ce premier sentiment d’empathie la notion de responsabilité potentielle, se crée une  réaction en chaîne inconsciente quasi instantanée : si je m’engage, ça va me coûter, du temps, de l’argent, je dois me protéger, je ne vais rien faire, je me sens coupable et ce sont ces gens qui me font me sentir coupable. Le mépris des pauvres, des faibles vient alors comme une vague, et plus les gens se sentent coupables, suivant leur culture ancienne, plus leur agressivité est forte. On se met à haïr activement celui qu’on aurait du aider et qu’on a choisi d’ignorer.

Les fascistes exploitent cette réaction inconsciente, la théorisent avec le nationalisme et la protection des frontières, la glorification du travail et de la famille. Le pauvre est coupable de ne pas travailler ; le migrant économique est responsable de l’échec de son pays ; ces étrangers viennent manger le pain de nos enfants. On prêche le chacun pour soi, on magnifie la réussite individuelle, et on dénigre l’assistanat, pour faire oublier notre devoir de solidarité.

Au pire, lorsque des violences xénophobes sont mises en œuvre, les militants, devenus sicaires, qui frappent et tuent les adultes se sentent obligés de tuer aussi leurs enfants : s’ils devenaient adultes, ils viendraient tuer mes enfants pour se venger. C’était le cas des nazis, des extrémistes hutus… ce sera celui des militants du front national, quand ils organiseront de nouvelles ratonnades. La théorie de l’extermination d’une race inférieure vient également justifier cette psychose collective.

Le front national ou la ligue du nord, comme les trumpistes américains n’en sont pas encore là, mais ils nous y préparent.

 

Attention, le fédéralisme peut cacher le nationalisme…

La crise catalane, les revendications corses cachent la même stupide xénophobie. Qu’on ne s’y méprenne pas, les catalans ont eu raison de lutter pour pouvoir s’exprimer en catalan, et ont raison de marquer cette différence et de continuer à faire vivre leur culture. De même les Corses ont maintenu une culture exceptionnelle et peuvent en être fiers. Mais vouloir édicter des lois particulières, donner des droits plus importants aux citoyens d’une ile, d’une région, c’est faire des différences fondamentales entre les hommes en considérant que les étrangers sont inférieurs en droit. C’est du fascisme, comme tous les nationalismes.

Le fédéralisme européen favorise paradoxalement ces retours xénophobes. Il a en effet regroupé des pays autour de traités libre-échangistes et monétaires, mais a échoué à rendre cohérentes les lois des Etats restés souverains .  Certains pays peuvent évoluer en démocratures ; les impôts sont différents et favorisent la délocalisation, en créant de la concurrence entre États au lieu d’en créer entre entreprises. Ce fédéralisme est préférable à la guerre, mais il laisse toute la place à la haine, en laissant prospérer les injustices et la xénophobie.

Les grandes régions ou les pays et leurs communes sont bien le meilleur niveau de décision pour toutes les décisions politiques contingentes : comment organiser localement l’administration, quel budget pour l’année prochaine, quelles activités culturelles ou sportives favoriser. C’est le bon niveau pour la gestion des organismes publics comme les hôpitaux, les écoles, les agences de protection de la nature et de l’eau.

Mais les lois doivent concerner l’humanité, sans faire de différence entre les êtres humains. Ce niveau c’est celui de l’État universel, qu’il faut concevoir comme une structure simple, solide, permettant aux pays ou aux régions de gérer l’économie, la culture, l’environnement, la santé, avec des principes communs, mais en s’adaptant aux particularismes locaux et aux priorités régionales.

 

Religions : une relative quête d’absolu

Chercher à relativiser les religions peut sembler paradoxal : chaque religion est une quête de dieu, ou d’une forme de spiritualité supérieure considérée comme un idéal.

Mais les différentes religions sont des moyens d’approcher en groupe la compréhension de cet être supérieur. Ces moyens différent, d’une religion à l’autre. Les constructions intellectuelles, les rites faits de manière commune ou similaire par les adeptes, sont très différents. L’idéal de vie commune présente des similitudes, dans l’amour du prochain, le respect de la vie. Mais la morale pratique peut être très différentes : la loi du talion ou le pardon systématique, les différences faites entre les hommes et les femmes, entre les croyants et les incroyants constituent des complexes bien différenciés d’une religion à l’autre. La représentation divine varie encore plus : plusieurs êtres d’une même famille pour les polythéistes ou dieu unique pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, esprit indistinct, être suprême, dieu réparti dans la nature et les hommes. Même pour les athées, qui refusent l’idée d’un dieu créateur, l’humanisme s’apparente à une conception religieuse du monde.

Chaque religion, chaque philosophie agnostique ou athée, est une recherche de la vérité. Cette recherche est toujours imparfaite et la vérité approximative. Même si on admet qu’un prophète ait pu recevoir des paroles directement de Dieu, ces paroles ont été retranscrites, complétées, traduites, avec des imperfections inévitables. Aucun texte sacré ne peut être considéré comme intégralement juste. Une critique, une contestation n’est qu’une autre recherche de la vérité, elle même contestable, mais qui doit être acceptée. Mais le blasphème, à savoir la remise en cause d’une croyance, assénée avec une violence contre-balançant  l’autoritarisme des religions dominantes, ne peut être considéré comme un délit ou un crime. C’est simplement une autre approche de la vérité, sous une forme négative, avec le même risque d’erreur que la croyance remise en cause. Il est discutable, mais jamais condamnable.

Relativiser les religions, tout en respectant la quête universelle de spiritualité, permet de construire une société tolérante et juste. Cette société permet à chaque groupe de suivre son chemin, en respectant celui des autres. Mais, pour cela, elle ne doit jamais mettre une religion au dessus des autres, elle ne doit ni empêcher de croire, ni obliger de croire.

Les moyens ne se confondent pas avec la fin : la conscience universelle, Dieu, l’univers de l’esprit, sont supérieurs à une organisation politique, mais les religions multiples doivent toutes se conformer aux lois universelles qui permettent aux humains de vivre ensemble, dans la paix et la recherche du bonheur : la liberté, l’égalité et la solidarité entre tous les êtres humains.

 

De la place pour tous !

Les gouvernements hypocrites compatissent, mais refusent d’accueillir les migrants, alors que le nombre de familles chassées de leur pays par la guerre, la faim ou les inondations ne cessera d’augmenter. Leurs fallacieux arguments sont repris vigoureusement par une grande majorité de la population qui a peur pour son confort : nous n’avons pas la place, les pauvres vivant déjà chez nous ne sont pas logés, nous avons déjà trop de chômage.

Ce sont des arguments de mauvaise foi : les problèmes que connaissent nos démocraties favorisées, chômage important et misère marginale, sont liés intrinsèquement au nationalisme et à l’hypercapitalisme : les multinationales créent des entreprises avec des subventions dans des pays en concurrence, ils font des profits avec les différences de règles entre les pays, ils liquident ensuite ces entreprises pour entretenir la peur chez les salariés et les sous-traitants. Cela n’a rien à voir avec le nombre d’actifs dans un pays.

Géographiquement, l’Europe, et en particulier la France, ont la place d’accueillir le double de leur population actuelle sans défricher ou diminuer la production agricole. Bien des campagnes se sont vidées, les petites villes ont souvent un gros taux de maison vides. Il ne faut pas accueillir les migrants dans des bidonvilles aux portes de nos métropoles, il faut les répartir dans les campagnes, les montagnes, les petits villages et leur donner un travail immédiatement dans le bâtiment (il y en aura à construire !) et dans l’agriculture biologique, qui ne suffit pas à répondre à la demande. Pour cela, pas besoin de modifier la répartition de l’usage des sols, mais il faut reprendre la propriété des terres et des bâtiments sans usage pour en rationaliser l’utilisation. Cela constitue une révolution foncière et agraire, mais celle ci est indispensable  à une meilleure gestion de notre espace et à la solidarité universelle.

Nature, eau et forêt, une réglementation cache-misère…

La conception des rapports entre l’homme et la nature est une controverse philosophique ancienne. Entre la nature sauvage, qu’il faut réduire et dominer et la mère nature, qu’il faut suivre et respecter, deux conceptions s’affrontent depuis longtemps. Au vingtième siècle, la notion de développement durable, s’est imposé, comme un compromis, dans les lois de nombreux pays et dans les accords internationaux : l’homme se développe aux dépens de la nature, mais il doit modérer ses besoins pour pouvoir continuer à vivre sur une planète finie. Il doit notamment préférer les ressources renouvelables , le bois, par exemple, aux ressources fossiles. Il doit protéger les espèces, les milieux, les sites rares, remarquables pour ne pas porter atteinte au capital naturel, mais se contenter d’en récolter les intérêts.

Au début du vingt-et-unième siècle, une théorie subséquente pointe dans le droit français, mais aussi dans les accords internationaux sur le carbone : on peut continuer notre développement, il suffit de compenser ses impacts. Tous les projets sont acceptables, à condition de les accommoder de prescriptions environnementales, dont cette fameuse compensation. Grosso modo, on évite de porter atteinte aux espaces et espèces rares, mais on peut porter atteinte à la nature banale si par ailleurs, pas trop loin de préférence, on restaure cette même nature. Cette théorie relativiste recueille l’assentiment des libéraux : la croissance n’est pas finie ! Les ultralibéraux se plaignent néanmoins des contraintes environnementales toujours croissantes et des difficultés de mise en œuvre… Le principe éviter/réduire/compenser rassure la plupart des environnementalistes.

Mais c’est une imposture, car la nature a été beaucoup trop perturbée par le développement non durable des deux derniers siècles pour que ce modèle fonctionne : le climat est déjà perturbé, les grands massifs forestiers tropicaux  sont réduits inexorablement, sans qu’aucune organisation politique stable ne puisse l’empêcher. Dans les pays développés, les grands massifs naturels peu anthropisés n’existent plus ; les espèces avec de grands espaces vitaux sont éliminées ou posent des problèmes sociaux graves (l’ours ou le loup chez nous, le tigre en Asie…).

Bien entendu, je ne souhaite pas un respect absolu de la nature : l’arrêt de la chasse favoriserait les grands herbivores aux dépens de nos forêts, l’arrêt de l’élevage, bien plus impactant que la chasse, mettrait notre espèce en danger, l’arrêt  du défrichement, là où il est indispensable pour la survie alimentaire, serait une injustice grave, par rapport à toute l’histoire du développement humain. Mais les équilibres naturels qui ont été bouleversés doivent être restaurés pour que l’humanité survive. Il ne s’agit pas seulement de compenser l’impact d’un petit projet, il faut de grands programmes de renaturation, à l’échelle mondiale. Il faut aussi faire revenir la nature et les arbres dans nos cultures, nos prairies et nos villes. C’est techniquement possible, mais il faut changer nos méthodes.

Mais le premier ennemi de la nature, ce n’est pas l’industrie ou l’agriculture, dont on peut effectivement limiter les effets, c’est la guerre et l’injustice politique sur la majeure partie du globe, qui empêche toute politique de long terme en faveur de la nature. Pour rééquilibrer la nature, il faut une révolution universelle pacifique.

 

L’illusion réformiste

Avec ce nouveau gouvernement et cette nouvelle assemblée, toutes ces nouvelles têtes, sans doute beaucoup de Français se laissent ils aller à un optimisme teinté d’un peu de distanciation, mais surtout de réconfort. « on va attendre pour voir, laissons leur leur chance ». Mais quelle chance de changer le monde ont Philippe et Macron, même avec Hulot dans leur équipe ? Si une réforme dangereuse pour l’industrie pétrolière, nucléaire ou chimique est envisagée, elle avortera ou se transformera en papier peint vert sur un mur en train de s’écrouler. La politique européenne parait aussi sous de meilleurs auspices, mais ne nous leurrons pas, il n’y aura aucun abandon de souveraineté, pour l’armée comme pour la TVA. On pourra avoir des machins en plus, mais pas de suppression des inégalités nationalistes.

Sans révolution qui casse les frontières et reconstruise un nouvel espoir commun à tous les hommes, et pas seulement aux français privilégiés, les meilleures réformes ne font que nous conforter dans notre château fort, en laissant le tiers monde opprimé nous assiéger.

La société de la mauvaise foi

Le monde où nous vivons, avec ces terribles injustices rend schizophrènes les habitants des pays privilégiés. Comment supporter, en étant éduqué, informé régulièrement, de savoir qu’on vit confortablement avec des soucis qui sembleraient dérisoires aux habitants de la Syrie, du Yemen, du Soudan ou même de l’Ukraine, de la Chine ou de l’Inde ?

Et bien, pour résister à cette pression inconscience constante, on se ment à soi même.

Premier mensonge : un plongeon dans l’indifférence : mes problèmes sont les seuls d’importance. On ne nait pas égoïste, on le devient peu à peu, c’est un mouvement de survie. On ne s’imagine plus à la place des autres, c’est trop dangereux pour sa santé intellectuelle.

Second mensonge, parmi toutes les informations qui nous sont délivrées, on ne retient que celles qui confortent notre égoïsme, même si elles n’émanent que d’une source douteuse, un lobby, des hackers ou son voisin de bistrot. Toutes les autres informations, celles qui dérangent, même si elles proviennent de sources scientifiques variées et concordantes, de journalistes sans intérêt financier direct, même si ces informations sont vérifiables, sont repoussées avec colère. Ceux qui nous demandent des efforts de solidarité sont des menteurs, des corrompus. Avec la supériorité de l’euro-climato-sceptique, on peut mépriser la « gauche caviar » et discréditer par avance toutes les réformes généreuses.

Des responsables catholiques renvoient dos à dos les candidats à l’élection présidentielle et considèrent que le mariage entre homosexuels est au moins aussi grave que le refus d’accueillir des migrants en détresse, nos prochains suivant l’enseignement de Jésus. Ceci démontre avant tout leur mauvaise foi.

Et ces mensonges font abandonner tout esprit critique propre : Même si le changement climatique n’était pas directement causé par l’homme, ne faudrait il pas réfléchir à la décroissance, nécessaire aussi par rapport à la surpopulation et au caractère limité des ressources planétaires ? Même si Macron était déjà corrompu et augmentait le poids politique des financiers, ne faudrait il pas quand même faire barrage à l’extrême droite qui nous mène beaucoup plus rapidement à la haine, à la ruine et à la guerre civile ?