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Pervers Noël

Le père Noël est une invention publicitaire destinée à pousser nos chérubins. Son habillage en légende poétique est un leurre.

En premier lieu, ce mythe récent (un peu plus d’un siècle) dérive de mythes chrétiens (saint nicolas, sauveur des enfants), mais détourne complètement le sens religieux de la fête de Noël.

Noël, c’est l’anniversaire de la naissance de Jésus, qui naît réfugié dans une étable, qui recevra des cadeaux des rois mages, représentant la reconnaissance universelle du caractère divin de ce petit enfant. Qu’on soit chrétien, ou non le message d’un dieu devenant un fragile bébé, né au milieu des pauvres, reconnu par des bergers puis par quelques privilégiés, est un message d’espoir, de paix et de partage. Pic de Mirandole disait qu’il fallait voir Dieu non pas comme un vieux roi barbu tout puissant, mais comme un bébé, fragile, qu’il faut protéger…

En écho à ce message, il est normal d’offrir des cadeaux aux enfants et d’en échanger avec ceux qu’on aime, voire même ceux qu’on ne connait pas. Noël est heureusement le moment privilégié des dons caritatifs. Ces cadeaux sont le symbole de l’amour. Ils ont la valeur du travail réalisé pour les acheter.

Quand un enfant reçoit à Noël de très nombreux cadeaux de la part d’un héros mythique extérieur, et non pas de ses parents ou de ses amis, il ne partage pas l’amour de ses parents, il apprend juste à recevoir miraculeusement, sans comprendre qu’il s’agit d’un don, parfois d’un sacrifice, de la part de ceux qui l’aiment. Quand il apprend que le père Noël n’existe pas, il prend conscience de la capacité de ses parents et de toute la société à mentir sur ce qui est encore pour lui le plus important.

Mais le pire est sans doute atteint lorsque de braves professeurs des écoles demandent aux enfants de faire une liste de commandes au père Noël. Pauvres ou riches, ils dressent un inventaire parfois fantastique, mais souvent trivial, basé sur les catalogues de jouets des supermarchés dont ils découpent les images. Seuls les enfants des familles aisées recevront une partie de cette liste. Les pauvres comprendront qu’ils le sont et auront une expérience de l’injustice sociale. L’éducation nationale n’apprend pas aux enfants le mythe chrétien, ce qui peut se comprendre par souci de laïcité, mais utilise Noël, pour apprendre que ce qu’on désire le plus se « commande » et qu’un héros mythique réglera tous les problèmes de production et d’acheminement.

Bref, le père Noël sape les valeurs de la famille, du travail, du partage, de l’enfant -Dieu, pour promouvoir le mensonge, l’inégalité sociale, les jeux d’argent (qui succéderont au mythe de la liste magique) et surtout la consommation à outrance, au delà des possibilités des familles défavorisées.

La France est un mythe

Les rois avaient des sujets qu’ils gouvernaient par la force, mais surtout en entretenant le mythe du droit divin. Ce serait Dieu qui choisirait son élu parmi les fils des élus précédents. Le roi reçoit l’onction de l’évêque, Napoléon reçoit celle du Pape et tout est justifié : des impôts pour des dépenses personnelles, des guerres d’orgueil tuant des millions de personnes.

Le royaume, regroupant des sujets sous les même lois, la même monnaie et le plus souvent, une seule langue devient lui-même un mythe. Les soldats d’un autre royaume sont les ennemis qui viennent violer nos femmes.

La révolution française a utilisé ce mythe pour favoriser un mouvement de résistance aux troupes des autres royaumes et des des nobles émigrés qui souhaitaient mater la révolte. Le anciens sujets du roi de France se sont battus contre leurs anciens maîtres, car ils étaient alliés à « l’étranger », plus peut être que pour défendre une révolution qu’ils ne comprenaient pas encore. La nation est devenue un nouveau mythe.

Ce mythe a été renforcé, justifié par des historiens, comme Michelet. Des déformations importantes de l’histoire ont été effectuées : les francs sont devenus des « pré-français », Charlemagne le prédécesseur des rois de France et de Napoléon comme des héros français, etc.

Après la défaite de 1870, tous les instituteurs de la troisième république ont appris aux petits français, que la FRANCE existait depuis les Gaulois, que dans les pas de Clovis, Jeanne d’Arc, il fallait reconquérir l’Alsace et la Lorraine. C’est au prix du sang de toute une génération que l’honneur français a été lavé. Des mythes équivalents ont permis à Hitler de prendre le pouvoir, et d’entraîner le monde entier dans un massacre. Après 1945, en France, l’image de De Gaulle, « sauveur de la France éternelle », a été semblablement façonnée.

Aujourd’hui, des candidats, à une présidence qui rappelle malheureusement une « élection royale », veulent explicitement manipuler le peuple en renforçant ce mythe.

Ne soyons plus des marionnettes, montrons nous libres, fraternels, universellement égaux en droit.