Le nationalisme a été inventé par les tyrans, tels que les rois de France ou l’empereur de Chine, pour pousser leurs sujets à s’unir contre les ennemis du royaume. C’était plus facile de recruter des soldats, s’ils acceptaient de défendre non seulement leur village, mais aussi tout le territoire de leur tyran, contre un ennemi qu’on leur avait dépeint comme très cruel, plus encore que le tyran lui même. Le nationalisme procède de l’amour de ceux qui vous sont proches par la langue et les coutumes et de la haine des étrangers. Ces deux sentiments sont spontanés sur toutes les latitudes, mais les tyrans les ont particulièrement manipulés, faisant valoir l’union du pays sous leur joug, et sa nécessaire défense par une armée toute puissante.
Les républiques, pour se défendre, ont joué sur les mêmes ressorts, la nation était une cause plus motivante que la démocratie. Cela a entraîné deux guerres mondiales : les démocraties capitalistes et impérialistes des pays riches sont sont affrontées, menées par leurs partis nationalistes respectifs, et ont entraîné le monde entier dans leur folie. Le racisme est une forme dérivée du nationalisme : on théorise la différence entre les autres et les siens, pour justifier par sa prétendue supériorité toutes les injustices. En ce début du XXième siècle, les leçons de l’histoire ont été mal digérées, et les partis nationalistes ont du succès dans tous les pays, qu’ils soient les seuls à être autorisés ou qu’ils représentent le quart, voire le tiers de la population.
Il faut interdire ces partis, comme il faut réprimer tous les discours appelant à la haine de l’étranger. La préférence nationale est diamétralement opposée à la déclaration des droits de l’homme, quelle que soit la version de celle ci : si tous les hommes naissent libres et égaux en droit, le droit ne peut créer de préférence nationale. En revanche, il est logique de restreindre à un territoire certains droits conditionnés à un engagement local. Si je vis sur un territoire, que j’y paye des impôts, que j’en respecte les lois, il est bien que j’y exerce le droit de vote et que, en cas de problème, l’organisation de ce territoire m’aide. J’en suis devenu solidaire en y devenant citoyen. Toutes les personnes qui se conduisent comme les autres citoyens de ce territoire, peuvent légitimement bénéficier des mêmes avantages, quelle que soit leur origine. Et dans ce monde instable, où que l’on demeure, il est possible que l’on doive s’exiler dans un autre territoire pour survivre ou faire mieux vivre sa famille. L’appartenance à une société doit dépendre des actes et des engagements, pas de l’origine. Créer des frontières intérieures entre les « nationaux » qui peuvent justifier d’une ascendance locale, et les « immigrés » qui méritent le statut de citoyen mais qui n’ont pas cette même origine est stupide. Même si les cultures différent, tous les êtres humains sont de la même origine.
Le nationalisme ne recourt d’ailleurs plus que rarement à la raison, malgré quelques faux scientifiques qui trichent sur les chiffres et les idées ; il s’appuie plutôt sur les sentiments violents : la haine, l’humiliation, l’envie de vengeance. Tous les conflits majeurs en ce moment sur notre planète ont pour racine le nationalisme, parfois couvert sous les oripeaux de la religion ou d’une idéologie dévoyée, comme le communisme. Mais c’est toujours la haine de l’étranger qui est le carburant des guerres. Il est raisonnable d’interdire ce qui est mortellement dangereux pour la société.