La justice ne doit pas tenir compte de la génétique

Comme nous l’avons développé dans nos principes, il est normal que la propriété d’un lieu, d’un objet s’aquière par le travail et se conserve par la responsabilité et l’entretien, mais il n’est pas souhaitable que cette propriété soit transférée automatiquement après le décès du propriétaire à ses “héritiers”. Cette transmission foncière crée d’innombrables problèmes de gestion de la terre et des espaces naturels et renforce les injustices sociales. Chaque parent reste libre d’aider ses enfants de son vivant.

Le droit familial ne doit pas non plus faire de différence entre enfants naturels et enfants adoptés.

Ces principes économiques et sociaux ont leur corollaire politique : aucun “peuple” ne possède une terre, même s’il est normal de respecter les usages de ceux qui vivent à un endroit donné en respectant la nature et leurs voisins.

La force ne crée pas non plus de droit, elle ne crée que des obligations pratiques. Envahir un pays pour en déloger ses habitants ne vous en rend pas non plus propriétaire. Pour être considéré comme habitant légitime et citoyen d’un espace, il faut pouvoir y vivre en harmonie avec la terre et les hommes.

Si la culture peut perdurer dans des communautés déracinées ou reléguées socialement, c’est une richesse conservée. Mais vouloir conquérir, envahir un pays, comme en refuser l’accès à d’autres au nom d’une race, c’est injuste.

Ceux qui ont choisi de cultiver la haine plutôt que la terre ne la méritent plus.

Notre société n’est pas sur le bon chemin.

Une énorme majorité de nos citoyens des démocraties d’Europe et d’Amérique pensent que tout ira mieux avec des réformes successives, que la recherche scientifique trouvera les solutions aux problèmes. C’est évidemment une croyance faite avant tout pour se rassurer, mais qui est alimentée par tous les efforts réformistes, les “initiatives qui vont dans le bon sens”, les Conférences des parties sur le climat ou la biodiversité, par exemple, ou les appels à la paix de l’ONU, les condamnations des crimes de guerre par le tribunal de la Haye et récemment la relance du nucléaire civil.

Les efforts individuels d’économie ou de changement alimentaire ne peuvent modifier notre consommation globale d’énergie ou notre politique agricole que de façon marginale, alors qu’en même temps, on favorise le développement de modes d’agriculture, d’industrie ou de transports extrèmement polluants.

C’est tout le contraire qui s’est passé de 1989 à 2020, en Russie, en Chine, en Afrique : le capitalisme s’est généralisé, mais les pauvres sont encore plus pauvres, et les très, très riches de ces pays maintiennent des dictatures renforcées par l’argent.

Les gouvernements des pays les plus riches comme les pays pauvres ont certes renforcé leur législation, mais de façon très complexe et incohérente entre les pays. En parallèle, ils ont diminué les moyens de contrôle de l’application par des fonctionnaires indépendants et compétents. En faisant financer par les porteurs de projets industriels toutes les études d’impact, les Etats leur laissent les mains libres pour présenter les projets à leur avantage, amoindrir les impacts prévisibles et imaginerdes retombées économiques et sociales fabuleuses. Les aides accordées à l’installation vont d’ailleurs financer leurs frais d’études aux industriels destucteurs !

Bien sûr, selon les pays, on peut constater de petits progrès, mais ils sont tellement inférieurs aux régressions environnementales et sociales.

Les napoléons, traîtres à la république

Après le film de Ridley Scott, tous les coqs protestent : Napoléon nous a apporté tant de réformes utiles…

Rectification historique : le sénat, la liberté de culte, les préfets, le code civil.. c’est le consulat. Ce n’est pas l’oeuvre de Napoléon, plutôt celle de Bonaparte, et pas tout seul !

De 1799 à 1804, c’est le premier consul Bonaparte, dans le cadre d’une république avec un parlement élu, qui préside à tous ces changements et qui restaure la paix en France. Le consulat est un dispositif très conservateur, très directif, qui a oublié les droits de l’homme, qui favorise la bourgeoisie et restreint la liberté d’expression, mais qui conserve des éléments démocratiques, avec des lois, des débats. Le code civil, en particulier, élaboré par Cambacéres, bien plus que par Bonaparte, est le fruit de ce système républicain.

Le rétablissement de l’esclavage a également lieu dans ce cadre “républicain ultra conservateur” qu’est le consulat.
Jusqu’en 1799, Bonaparte défend la république. A partir du consulat, il travaille à sa propre ascension. A partir du sacre, il a abandonné définitivement la république pour sa propre gloriole.

Avec la légion d’honneur, promue sous le consulat, malgré une certaine opposition, il crée une caste de privilégiés à son service, dépendant de son bon vouloir. En instaurant la noblesse d’empire, il foule aux pieds les principes de cette révolution qui lui avait permis d’accéder au pouvoir.

Les guerres de l’empire (pas loin d’un million de morts !) sont des guerres de conquête personnelle et non pas des guerres libératrices.

Non seulement Napoléon Bonaparte a trahi la république française, mais également tous les grands esprits européens, comme Beethoven, qui croyaient en la démocratie pour le monde entier.  son neveu, Napoléon le petit, a réédité le forfait, en trahissant son serment à la république pour fonder le second empire, et au bout de 20 ans de dictature, s’effondrer lamentablement sous la montée de la Prusse.

L’impérialisme crée l’oppression, et favorise la haine et le nationalisme. Nos deux Napoléons, ont contribué directement à l’éclatement du monde en divers nationalismes qui nous ont valu ensuite deux guerres mondiales.

Les écologistes, nouveaux boucs émissaires

Après les Juifs, les étrangers en général, les migrants en particulier, ce sont les écologistes qui sont désignés comme les nouveaux boucs émissaires de nos maux.

Ce sont bien sûr les media d’extrème droite nationaliste qui sont à l’oeuvre, mais ils sont appuyés, en France du moins, par toute l’aile droite de l’échiquier politique et même par une partie de la gauche.

Les écologistes seraient responsables des difficultés des entreprises en ayant suscité les normes européennes et françaises ; ils soutiendraient l’extrème gauche terroriste, qui exercent des violences contre les chasseurs et les agriculteurs (on est pas à un mensonge et une contre vérité près ; Willy Schraen, Poutine, Trump, même dialectique !) ; ils auraient réintroduit le loup, le lynx, les vautours et l’ours, plaies du monde rural ; ils ruineraient les agriculteurs, ils couperaient les routes, ils soutiendraient les islamistes. Ils auraient provoqué l’arrêt du programme nucléaire la privatisation des centrales et l’abandon de la formation d’experts en sureté nucléaire. Bref ce seraient de dangereux terroristes. Sur les sites complotistes et sur les réseaux sociaux, on les accuse même de créer les catastrophes pour justifier le changement climatique qu’ils ont complètement imaginé pour stopper le développement du monde.

C’est ridicule, d’autant plus que le crime ne leur profite pas“. En matière de dévelopement économique, d’énergie nucléaire, d’agriculture, de chasse, toute cette désinformation profite financièrement aux puissants de ce monde : les gros groupes financiers, les industriels du pétrole, du nucléaire et des mines, à l’agriculture productiviste. C’est bien de ce côté qu’on peut imaginer un complot, avec subornation de politiques et de scientifiques pour créer des contre-arguments au discours sur la décroissance et la restauration de la nature.

Par rapport à la haine des juifs, des migrants et de l’Europe, cette fois ci, ce ne sont pas les nationalistes qui sont à la source de l’opprobre : le discours sur les nouveaux ennemis imaginaires du peuple est bien constitué et nourri par les lobbys industriels. Ce n’est que dans un second temps que les media de droite ont repris ces allégations mensongères. La droite nationaliste est d’ailleurs ravie de se trouver un autre ennemi que les étrangers, pour pouvoir avoir l’air de mener d’autres combats que celui de la haine. La défense des “vrais” agriculteurs se fait en suscitant la haine des écoterroristes qui s’en prennent à leurs biens et provoquent la mort des agneaux. Mais les vrais loups, dangereux pour la nature et l’humanité, sont bien les grands groupes financiers et industriels, qui manipulent les marionnettes de l’extrème droite nationaliste.

Les mensonges des sondeurs

Les Français font confiance à … Les Français sont inquiets, sages, égoïstes ou généreux… La pire formulation étant “Le Français est attaché à …”. Chaque sondage est décrit et commenté en ces termes.

Les statistiques sont basées sur la théorie mathématique des probabilités. Il s’agit d’une démarche scientifique. Mais leur interprétation donne lieu à des abus de langage, et à de véritables mensonges scientifiques.

Tout le monde comprend que si on rencontre deux imbéciles dans une communauté, cela ne prouve pas qu’il y en ait plus qu’ailleurs dans cette communauté. Mais tout le monde admet que si une forte proportion de gens de cette communauté croient que la terre est plate, on considère que tous sont des crétins.

L’abus de langage consiste donc en premier lieu dans la généralisation des résultats, en appliquant une majorité de valeurs mesurées à l’ensemble de la population concernée. Mais quand la proportion de l’échantillonnage est élevée, les statisticiens eux mêmes n’hésitent pas à simplifier leurs résultats. Or si “l’écrasante majorité” des individus de l’échantillonnage avaient la meme réponse, cela ne signifierait pas que tous les individus de cette population auraient cette même réponse. Cela signifierait que la probabilité d’une réponse différente est extrêmement faible.

Mais un chiffre extrèmement petit peut avoir un poids évolutif immense : c’est le principe du taux de mutation des êtres vivants. Celui ci serait compris entre un sur dix mille et un sur cent millions, mais ce sont bien les mutations qui ont fait évoluer les espèces, aujourd’hui innombrables.

Bien sûr, la plus triste conséquence des généralisation statistiques n’est pas l’erreur de prédiction, mais le mépris, la discrimination qu’elles engendrent pour les populations décrites.

Enfin ces considérations seraient valables si les sondeurs étaient des gens honnêtes et de bonne foi, entraîné par la réthorique à des abus de langage et une déformation des faits. Mais les sondages et les statistiques, ainsi que la formulation non scientifique des résultats, sont souvent utilisées avec des arrières pensées de manipulation de l’opinion.

Les études scientifiques sont basées sur des hypothèses, parfois contradictoires, qu’il faut vérifier grâce à des mesures. Une étude digne de ce nom doit être critique avant tout sur ses propres hypothèses, pas seulement sur ses résultats. Quand on compare avec les sondages d’opinions, les sondés ont le choix entre des formulations trop simples, maladroites ou ambigües, qui bien souvent ne correspondent pas à la pensée de la personne sondée. La formulation des questions permet déjà de manipuler les résultats. Ensuite, une majorité relative de réponses convergentes permet d’énoncer une “tendance profonde de l’opinion”.

Les sondages sont un des outils de la démocratie les plus utilisés par ceux qui veulent amoindrir la liberté individuelle et augmenter le mépris et la haine. Méfions nous en, et quand nous utilisons les statistiques, n’exprimons que les faits précis, pas des généralisations abusives, avec des types sociologiques, dont forcément un groupe sera celui à abattre, à punir ou à détrousser.

Interdire le mensonge public en démocratie

La démocratie nous renvoie souvent l’image d’hommes politiques qui font des promesses pour être élus et qui ne les tiennent pas, mais qu’on peut ensuite renvoyer.

Mais au XXième siècle, les peuples surinformés des pays riches se complaisent dans les mensonges de leurs dirigeants, qui leur permettent de préserver leur confort intellectuel et physique face aux énormes injustices sociales et aux dégradations terrifiantes de l’environnement. Ils ne sanctionnent donc plus les mensonges, au contraire, il les encouragent en accordant leurs voix à des populistes ou à des productivistes acharnés.

Une solution serait de constituer un délit, peut être même un crime, de mensonge public. Il faudrait le caractériser par la conscience du délinquant de la déformation de la vérité qu’il produit, par l’expression de cette déformation en public : déclaration aux media, assemblée constituée, salle de meeting, publication écrite et signée diffusée sur internet ou par tout autre moyen.

Evidemment, il faudrait penser à une gradation, en fonction du niveau de déformation et du nombre de répétition de ces propos. Mais pour la déformation de la vérité, qui évidemment peut être plus ou moins importante qualitativement ou quantitativement, c’est surtout l’intention qui compte : par exemple, dire 9500 à la place de 10 000, ca semble peu, mais cela minimise nettement le chiffre et ce n’est pas un arrondi mathématique.

S’agissant de personnes privées s’exprimant en public, les condamnations devraient être des amendes, proportionnées au dommage. Mais pour des personnes publiques, hommes politiques élus ou souhaitant l’être, ainsi que pour tous les fonctionnaires représentants de l’Etat ou des collectivités, ce doit être une faute engendrant l’inélégibilité ou la révocation, après un nombre de mensonges, ou une importance de déformation à définir.

Quant aux promesses, pour lesquelles l’homme politique pourrait toujours dire qu’il y croyait, il faut qu’il puisse le démontrer, en ayant fait auparavant une étude d’impact que la mesure qu’il propose est applicable et ensuite, en faisant la preuve qu’il a mis en oeuvre son programme. On rejoint alors l’idée du mandat impératif, testé trop brièvement, par la Commune de Paris en 1871.

L’hypercapitalisme est incompatible avec la sauvegarde de la nature et la justice.

Une organisation économique est essentielle a l’humanité depuis qu’elle a dépassé le stade du néolitihque.

Mais depuis cette période, l’espèce humaine a également modifié considérablement l’aspect de la planète, en faisant régresser les milieux naturels, par le feu, l’agriculture et l’élevage, et maintenant par la pollution et l’instabilité climatique.

Si l’espèce humaine a prospéré en nombre, la liberté qui la caractérise est en régression sur la majeure partie des pays. La justice, qui gère l’équilibre des libertés individuelles n’existe pas.

Face à ces deux échecs énormes, quelle est la réaction de l’économie mondiale ? Les grandes forces économiques sont principalement aux mains de très grands groupes privés, dont les dirigeants ne recherchent que leur propre intérêt, et, pour le groupe qu’ils dirigent, des profis énormes à court terme, avec un retour sur investissement de plus de 10%.

L’agriculture, l’industrie, les services ne créent pas directement de tels profits. Les échanges de biens et de services, dans une société juste et respectant la nature, se feraient à masse sensiblement égale : ils rapporteraient autant aux producteurs qu’aux consommateurs, et une bonne partie du profit devrait retourner à la terre qui les a engendrés.

Pour créer des profits énormes, les décideurs de ces grands groupes privés choisissent le déséquilibre :

En premier lieu, il faut déséquilibrer les rapports sociaux entre patrons et employés, pour augmenter la part de revenu des actionnaires aux dépens du réinvestissement dans la production, la protection de l’outil de travail et des salaires des employés et ouvriers.

En second lieu, il faut déséquilibrer les échanges entre les pays : favoriser les différences en laissant prospérer le nationalisme et renouveler les guerres entre voisins, privilégier les régimes autoritaires, dont les dirigeants sont plus corruptibles qu’en démocratie. la guerre favorise une production industrielle simplifiée, limite les contrôle, maximise les profits. les différences de frontières permettent de concentrer la production de l’industrie dans les pays non démocratiques où les ouvriers seront exploités au maximum. Pour limiter efficacement le pouvoir de l’Etat, de la collectivité, garants de l’intérêt général, le maintien de petites nations, sans réel pouvoir sur l’économie, est “capital”. Quant aux très grands pays, lorsqu’ils sont totalitaires il faut pouvoir acheter leurs dirigeants ; lorsqu’ils sont démocratiques, il faut y limiter le pouvoir de l’Etat en dessous de celui des grands groupes financiers.

En dernier lieu, il faut décrédibiliser toutes les forces qui souhaiteraient que la justice sociale et la protection de la nature soient plus fortes que le libéralisme économique, permettant aux plus forts d’écraser les plus faibles. Pour cela, on tue des dirigeants syndicaux, des journalistes, des protecteurs de la nature dans les pays peu démocratiques, on les marginalise dans les démocratie, en tournant en dérision les “utopies” sociales ou environnementales, en achetant de faux articles scientifiques, en mettant au pas des media complets. On réalise des actions pour le progrès social ou naturel qui n’auront qu’un effet mineur, en vantant la responsabilité sociale et environnementale des grandes entreprises dont le principal objet est la ruine de la planète.

Pour sauver l’humanité de la ruine et de la guerre à moyen terme, il faut avant tout combattre ses principaux ennemis et modifier l’organisation politique et économique de toute la planète. Cette révolution doit être mondiale et si chacun doit y prendre sa petite part, ce ne sont pas des efforts isolés qui la permettront, mais bien une dynamique collective.

Les mauvaises raisons du nucléaire

L’énergie nucléaire a été développée autoritairement en France pour des raisons qui n’en sont pas. Elle a été maintenue, toujours autoritairement, pas des gouvernements de gauche et de droite, enchainés par la spirale de ces arguments vicieux :

1. C’est d’abord un produit dérivé de la défense nucléaire. On construisait des bombes pour ne pas s’en servir, pourquoi pas des objets nucléaires utiles ?

2. Comme la bombe, l’énergie nucléaire est un élément de souveraineté et d’indépendance nationale. Pour ne plus dépendre du pétrole, nous nous somme précipité dans cette énergie alternative. C’était oublier qu’il fallait de l’uranium extrait dans des pays étrangers. Les ingénieurs français ont ensuite vendu leur technologie de pointe à d’autres pays, en Finlande, en Angleterre et en Chine, pour des raisons commerciales bien plus fortes que la raison d’État. Aujourd’hui, la France dépend de l’étranger également pour le traitement de l’uranium brut ou en déchet, en particulier… de la Russie ! Nous cherchons également à exporter nos déchets, bref, nous sommes loin de l’indépendance !

3. L’énergie nucléaire produit sur des sites centralisés d’énormes quantités d’énergie. Elle n’est pas chère et pourra être distribuée grâce à un système centralisé. Mais le transport fait perdre une forte proportion (30-50%) de l’énergie produite : un système de production centralisé est un énorme gâchis énergétique et les lignes à très haute tension ont un impact environnemental énorme.

4. La sécurité de tout ce système sera assuré par l’État, ses meilleurs ingénieurs, ses meilleurs fonctionnaires, ses meilleurs ouvriers. Le caractère centralisé convient particulièrement à cette mise en sécurité garantie par l’État. Cet argument, avec l’argument nationaliste, a convaincu la Confédération Générale du Travail et le parti communiste français…. Aujourd’hui, EDF a été démantelé en plusieurs sociétés privées, à capital d’Etat. La direction et le controle ne sont plus assurés par des hauts fonctionnaires ayant comme seul règle absolue l’intérêt général, mais soumis à la pression d’innombrables intérêts particuliers. Les travaux sont réalisés par toute une série de sous traitants difficilement controlables et moins formés. Les compétences et les savoir faire ne sont plus possédés par les jeunes ingénieurs fonctionnaires français.

5. Les déchets ont une durée de vie plurimillénaire : cela permet de toujours remettre la question de leur élimination et de leur stockage à plus tard. La procrastination et les calculs à court terme ont fait bon ménage dans les esprits pronucléaires… Pourtant c’est la longue durée des programmes, des investissements, qui a permis d’absorber toutes les erreurs de programmation, de calcul, qui a permis de faire accepter des dépenses d’investissement multipliées par dix par rapport aux prévisions. Mais les dépenses liées aux déchets seront toujours minimisées et négligeables, puisque sans cesse reportées.

6. Pour défendre les centrales contre les aggressions et le nucléaire contre les oppositions, on pourra utiliser le secret (et le mensonge) qui seront facilités par l’organisation centralisée, la chaine hiérarchique élitiste. Les ingénieurs géniaux qui maitrisent les processus de fission nucléaire sauront bien se protéger des malveillants, des tremblements de terre, des sécheresses, des terroristes : tout à été prévu par les meilleurs esprits, on ne risque rien… les murs ont été calculés à la bonne dimension. Une attaque aérienne sur les points fragiles ? Impossible, tout est sécurisé, l’armée veille. Qui aurait imaginé qu’on ferait vaciller les tours de New York avec un avion détourné au cutter…

7. Bien sûr, les énormes cheminées et les grosses installations, placées près de l’eau, indispensable au refroidissement, ne sont pas discrètes, mais, les colonnes de vapeur d’eau sont tellement plus jolies que les fumées noires des centrales à charbon ou à fuel. Pas de pollution directe visible… L’argument qui a relancé la filière, et qui existait déjà à l’origine, est justement l’absence de rejets carbonés. L’énorme consommation d’eau et le réchauffement des rivières à l’aval n’a pas été un problème écologique majeur, tant que l’eau ne manquait pas. la gestion des déchets est également placée sous le signe de la discrétion : on les enfouira ! ou on les exportera…

8. Enfin, ce système affirme au monde entier la force de la France, son niveau technologique, et l’exporte. Mais le choix des gouvernements français impose à ses voisins européens des risques réels. En cas d’incident grave, et l’état actuel des centrales n’est pas de nature à nous rassurer, ou d’attaque terroriste, les radiations toucheront tous nos voisins sous le vent, alors que la plupart d’entre eux n’ont pas fait le choix du nucléaire, et l’ont même démocratiquement écarté. Les aléas sont forts, les erreurs de conception et les fautes de réalisation et d’entretien par des sous traitants mal controlés sont tels que si on considère les probabilités, il y aura forcément des incidents graves et les centrales nucléaires françaises trop fragiles feront le malheur d’une bonne partie de l’Europe.

Le nationalisme est le batard que la royauté a fait à la république.

L’idée de nation a été utilisée par les souverains autocrates pour asseoir leur pouvoir. Il s’agissait d’unir un peuple, en utilisant sa peur de l’étranger, et la transformant en haine, pour garantir son unité derrière le souverain, protecteur de cette nation. Les serfs dépendait de leur seigneur, sans se sentir pour cela différents de leur voisins. Mais les sujets du roi se distinguent clairement des étrangers : ils utilisent la même monnaie, ont la même loi, voient passer dans mêmes uniformes leurs jeunes garçons raflés pour attaquer un autre pays, haïssent les envahisseurs qui viennent violent nos femmes.

Ce sont des idées philosophiques universalistes qui ont propulsé la révolution française : retrouver un gouvernement par le peuple, affirmer la liberté, l’égalité des chances… Mais une fois le roi en prison, les monarchies voicines ont menacé la république, qui s’est défendue par les armes à ses frontières. Pour lever des troupes, la république a utilisé l’idée de la défense de la liberté, contre les nobles, mais aussi la sauvegarde de la nation, en péril face au risque d’invasion. Et c’est probablement ce second argument, basé sur la peur séculaire de l’étranger, qui a été le plus développé et qui a sans doute été le plus efficace pour lever une armée populaire immense, qui par son nombre, a su faire barrage aux troupes monarchiques.

Après le coup d’état de Napoléon Bonaparte, la république est morte, mais les mêmes armées sont emmenées conquérir l’Europe un petit peu au nom de la liberté, mais beaucoup au nom de la supériorité nationale. L’ambiguité des motivations a d’ailleurs été entretenue par Napoléon, comme les anglais, de l’autre côté de la Manche, engageaient des troupes au nom de la liberté mise en péril par l’ogre impérial.

Dans toute l’Europe, les idées nationalistes se sont développées en même temps que les idées républicaines. Mais comme l’a montré l’histoire de l’indépendance italienne, où les républicains se sont effacés devant le roi du Piémont, et celle de la création de l’Allemagne, où l’union s’est faite derrière le Kaiser, le nationalisme est plus fort dans les coeurs que la démocratie. la liberté est confondue avec l’autonomie, le droit pour ceux qui parlent la même langue d’élaborer leurs propres lois.

Le nationalisme est devenu la tour de Babel du monde : les petits pays basés sur la langue et la coutume, s’opposent entre eux sans fin, les différences de loi empêchent des échanges justes entre les pays. Chaque pays qui se trouve fort par son armée se croit supérieur par l’esprit et autorisé à envahir les inférieurs. Chaque population opprimée par un oppresseur, dans le monde entier, se révolte au nom d’une nation, réunie par la haine de l’étranger. Le communisme a pu exister en Chine et au Vietnam, mais également à Cuba, grâce au nationalisme : il fallait se libérer des occidentaux, des japonais, des américains.

La tour de Babel des nationalismes n’en finit pas de s’effondrer :Ce nationalisme, qui a écrasé la république universelle, a engendré le colonialisme et deux guerres mondiales.

Pour la lutte contre le changement climatique, il faut des états responsables, pas des nations coupables

Lors de cette convention pour le climat, qui se tient dans un pays où les atteintes à la liberté sont légions, on entend une nouvelle idée : les pays riches devraient payer aux pays pauvres les dommages qu’ils subissent à cause d’eux. Utiliser un tel argument est tentant, mais dangereux.

Le concept de culpabilité nationale est mortifère . L’idée à promouvoir, c’est la solidarité entre tous les humains, pas la punition de méchants pays vis à vis de pays innocents. Les États ne sont pas des individus qui devraient payer pour leur fautes. Un individu ne peut d’ailleurs jamais effacer ses crimes, il peut seulement s’amender et changer.

La notion de réparation a conduit, après la première guerre mondiale a créer haine et humiliation. Il ne s’agit pas de réparer, mais de partager. il faut aider ceux qui n’ont pas les moyens de s’en sortir seuls pour limiter les déséquilibres économiques et les catastrophes en chaîne, par solidarité économique, pas seulement par fraternité spirituelle.

une révolution tranquille pour une république universelle