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Choisir l’injustice…

Les gouvernements démocratiques se sont développé, certes par à coups, depuis les révolutions américaines et françaises de la fin du XVIIIème siècle, jusqu’à la fin du XXème siècle, depuis une vingtaine d’années, ce sont les dictatures qui sont en progression. Pour passer d’une dictature, ou de tout autre mouvement autocratique, à une démocratie, il faut une révolution. Mais pour repasser d’une démocratie, les solutions violentes d’un coup d’état ou d’une invasion ne sont pas les seules possibles…

En effet, le phénomène qu’on a constaté pour la fin de la république de Weimar, à savoir l’élection démocratique d’Adolf Hitler, un homme dont le programme affiché était de rompre avec la « molle » démocratie, purger le pays de ses ennemis de l’intérieur, reconquérir des territoires pour l’expansion de la race aryenne, cet exceptionnel avènement ne l’est plus.

En Afrique centrale, une démocratisation s’était profilée à l’horizon de plusieurs pays, à partir de 1989. Mais, sans doute guidés par la peur de l’instabilité, si meurtrière sur ce continent, les populations ont préféré les hommes forts déjà en place. Lorsqu’ils ont modifié la constitution pour pouvoir se représenter indéfiniment, ces chefs « rassurants » ont été plébiscités. Cela a été de même après les « printemps arabes », pour les pays qui n’ont pas sombré dans la guerre civile.

Les réélections successives de Vladimir Poutine depuis 2004 et 2008, avec l’intermède de l’homme de paille Medvedev, ont marqué chaque fois des régressions démocratiques pour la Russie, qu’on croyait libérée depuis 1989. Poutine a clairement utilisé plusieurs leviers :

  • l’attrait des habitants d’un immense pays pour un homme fort qui évite le chaos, comme cela s’est passé plusieurs fois dans l’histoire
  • le culte de la personnalité distillé par la propagande
  • de faux attentats et la guerre de Tchétchénie, pour faire accepter un régime autoritaire, seul rempart à de tels dangers
  • l’élimination physique des opposants, politiques ou journalistes
  • le renforcement du nationalisme par les actions guerrières, la propagande la dénonciation des agents étrangers pour tous les problèmes
  • La réécriture de l’histoire et de toute l’éducation pour la mettre au service d’un roman national
  • la guerre d’Ukraine pour faire oublier le déclin économique et passer à une économie de guerre

Certains pays satellites, comme la Biélorussie, la Géorgie subissent cette influence néfaste. Mais d’autres pays d’Europe s’inspirent de ces exemples nationalistes, fascistes, nazis ou post-communistes : la Hongrie et l’Italie. Le nationalisme remonte dans tous les pays, même l’Allemagne dont il avait causé l’effondrement.

En Chine, la dictature s’est encore durcie avec l’élimination par Xi Jinping de ses concurrents qui partageaient le pouvoir avec lui. Mais cela nous éloigne de notre propos, il n’y a jamais eu d’élection au suffrage universel direct en Chine.

Car ce qui doit inquiéter le plus, c’est bien que des citoyens ayant pourtant reçu un minimum d’éducation, au moment crucial où ils peuvent exprimer leur avis sur le gouvernement de leur pays, choisissent l’injustice.

Or tous les êtres humains partagent ce sentiment, plus ou moins développé suivant leur intelligence, leur éducation, de ce que doit être la justice : une coutume, une règle, une loi, qui leur permette d’aspirer librement à leur part de bonheur dans le monde, en équilibre avec ces prochains. Malgré cela, consciemment ou non, un nombre de plus en plus grands d’individus choisissent le dirigeant le plus injuste, le plus cruel. La peur des représailles, l’espoir de faire partie des relatifs privilégiés et la haine de l’ennemi étranger identifié par l’autocrate se mêlent dans l’esprit de ces pauvres humains qui ruinent ainsi tout espoir de justice universelle.

La détermination est-elle plus forte du côté de la haine?

Lorsque les démocraties hésitent pour leur soutien à leur voisin attaqué par une dictature, l’agresseur semble bien plus déterminé dans sa conquête que les pays agressés. Cette détermination ne s’arrête pas au seul autocrate, elle semble partagée par l’immense majorité de ses sujets : la propagande nationaliste a précédé depuis longtemps la guerre. Les motivations de la guerre ne sont pas raisonnables, mais on a attisé la haine du voisin, on l’a nommé responsable de tous les problèmes du pays, parfois avec un ennemi intérieur à éliminer (les juifs, les opposants, les communistes, les libéraux… au choix!).

La guerre simplifie toutes les décisions dans le pays agresseur : l’urgence impose de suivre le chef sans discuter, ceux qui hésitent sont des traîtres. L’économie s’en ressent, mais s’adapte et dans un grand pays, la production d’armes et celle des ressources indispensables donne du travail à toute la population. La guerre soude les consciences et les débats n’ont plus lieu d’être.

Face à cet immense élan, les pays voisins peuvent paraître ridicules avec leurs atermoiements. Faut il entrer en guerre pour les Sudètes, pour la Pologne, pour le Dombass ou toute l’Ukraine ? Si on ne bouge pas, on sera peut être sauvegardé, au moins le temps d’améliorer nos défenses… Toutes les opinions s’expriment, les vrais pacifistes et les lâches voient leurs arguments mélangés, les attentistes s’en remettent au pays ami le plus fort, ils le suivront, les bellicistes jouent au Cassandre et prônent l’intervention immédiate, les grandes entreprises font leurs calculs…

Avec suffisamment de temps laissé au débat démocratique, la voie de la raison finit par se faire entendre. Si elle emporte un consensus, elle permet une adhésion, consciente, raisonnée, de la majorité de la population. Mais si les partis démocratiques se contentent de débats centrés sur la politique intérieure, les préoccupations des politiques, les enquêtes des media, l’attention des électeurs, se concentrent sur les combats des chefs, au sein des partis et des alliances. Alors la belle démocratie devient effectivement fragile et peut être emportée par le flot de violence des dictatures. Pour se préserver, il faut bâtir des digues, construire un plan de défense, bien avant que la pression ne devienne trop grande.

En 2024, nous ne sommes pas prêts. Nous avons des armées, de l’armement, mais pas de politique cohérente, hormis la défense solidaire de l’OTAN. Et les anciens accords peuvent être caducs si des membres d’une coalition démocratique deviennent des démocratures désireuses de composer avec les dictatures.

L’union des nations ne peut garantir la paix

Woodrow Wilson avait lancé l’idée de la société des nations pour garantir la paix. Après la première guerre mondiale, causée par l’impérialisme et déclenchée, animée par les nationalismes, chaque individu éclairé pensait qu’on pourrait mettre tout le monde d’accord pour garantir la paix…

Mais l’idée même d’une « société des nations », où chaque nation serait considérée comme un individu avec des droits et des devoirs a causé la faillite du système. L’organisation des nations unies, fondées sur les mêmes principes, s’est révélée aussi inefficace pour arrêter la guerre, pour empêcher les génocides ou, plus récemment, pour lutter contre le changement climatique, alors que la majorité des nations affirmait son accord pour la paix, le respect des droits de l’homme et la préservation de la nature.

En effet, parmi les principes, il y a l’autodétermination des peuples, le principes de peuples différents, responsables, avec une liberté individuelle, cette liberté devant être régulée par les lois acceptée au sein de l’union des nations. Or du fait de ces principes mêmes :

  • au sein d’un état, les dictatures ou les pseudo démocraties peuvent maintenir des lois inégalitaires vis à vis des femmes, de certaintes religions et jusqu’à persécuter des minorités.
  • les frontières tracées entre deux états sont toujours « mal dessinées ». Elles ne conviennent à aucun des deux voisins. Une partie des habitants, de l’autre côté de la frontière, parle la même langue, a la même coutume. Chacun des deux pays voisins se croit le droit « naturel » d’aller envahir le voisin pour « libérer » ses cousin.
  • Chaque état qui se sent « menacé » par un autre, se croit le droit de s’armer contre lui, puis de s’attaquer à lui pour se défendre… L’autorité des nations unies, des autres pays, a toujours moins de valeur, pour juger de la légitimité d’une telle position, que la conviction forte d’un état. Comme si les décisions d’un autocrate, augmentées par la propagande, devenaient la « conscience » d’un état-individu. Au début de la première guerre mondiale, chaque pays est entré en guerre pour se « défendre d’une lâche agression. »
  • Si tous les représentants de touts les pays reconnaissent aujourd’hui l’urgence de changer la politique économique pour sauvegarder l’équilibre écologique de la planète, chaque pays, pris « individuellement » trouve de bonnes raisons pour continuer son « développement« . Pour les pays d’Afrique ou d’Asie, ce sont les autres qui étaient à la source historique des pollutions industrielles, à notre tour de développer notre industrie, à ceux qui ont créé le problème de le résoudre. Pour les pays riches, c’est aux autres pays de diminuer leur démographie galopante qui augmente proportionnellement tous les problèmes (déforestation, pollutions..).

Mais les nations, vues comme des individus différents, autonomes et responsables, ne sont qu’une vue des esprits faibles. L’espèce humaine, dans son ensemble historique et géographique a une responsabilité globale sur la dégradation écologique de la planète et sur la permanence des guerres, des inégalités, des oppressions. Les électeurs d’une démocratie sont responsables, au moment du vote, de l’arrivée au pouvoir d’un dictateur. Mais leurs descendants ne sont pas coupables des crimes des armées de la dictature. Les habitants d’une nation riche ne sont pas responsables des inégalités mondiales ; les habitatns d’un pays pauvre n’ont pas à avoir honte de leurs manque d’infrastructure, d’éducation, de richesse économique, fruit de l’histoire et de la géographie.

Chaque individu est responsable à son échelle, du malheur et du bonheur de ses proches. En changeant son attitude, il peut contribuer à un effet plus large. Mais s’il faut incriminer les lâches, les imbéciles, les ambitieux égoïstes qui détruisent tout sur leur passage, il faut savor que de tels comportements existent dans tous les pays, et ont existé de tout temps. S’il faut glorifier le courage, l’intelligence, la solidarité, c’est dans toutes les contrées qu’on peut avoir la rare occasion de le faire.

Les nations sont des distinctions absurdes et néfastes si les lois fondamentales sont différentes d’un pays à l’autre, si une nation a le droit d’en attaquer une autre.

L’égoïsme, la peur et la paresse intellectuelle votent la haine

Pourquoi un tiers de citoyens français et une proportion similaire de citoyens dans le monde entier choisissent-ils de voter pour les nationalistes ? Est- ce l’échec de l’éducation ? N’a-t-on pas appris à ces anciens enfants que deux guerres mondiales ont été déclenchées par des nationalistes ? Les actualités ne montrent-elles pas tous les jours que se protéger du terrorisme, de la concurrence étrangère par la violence et l’exclusion renforcent ce même terrorisme et l’aggressivité générale des relations ? Ne comprennent ils pas que la xénophobie ne résout rien aux problèmes du monde ?

Non, ceux qui votent pour un parti nationaliste ne sont pas forcément haineux et ne sont pas nécessairement idiots. Mais trop peu de gens réfléchissent vraiment avant d’agir. Même lorsque l’acte est solemnisé par les lieux de vote, le bulletin jeté dans l’urne est une bouteille à la mer, pas une participation humble mais consciente à la décision collective.

Beaucoup ont peur de leurs voisins, de ceux qui ne leur ressemblent pas, des autres religions, des autres coutumes. Ceux qui ont un certain confort, une maison, un métier, ont peur de le perdre. Si cette peur n’est pas diminuée par la raison, elle rend celui qui la ressent extrèmement sensible aux arguments d’une force sensée être rassurante : le président en place, ou celui qui veut le remplacer mais qui promet de remettre plus d’ordre encore.

L’égoïsme est lié à cette peur : on a peur pour son foyer et on refuse d’ouvrir sa porte aux étrangers, de faire des efforts pour d’autres moins favorisés. Ces sentiments sont si naturels : je me sens mal, je me replie sur moi même et ma très petite communauté, j’attends d’un vrai chef, qu’il me sauve comme un père, de ma nation qu’elle me protège comme une mère. Je ne veux plus raisonner : c’est tellement compliqué d’essayer de tout comprendre au monde : le climat change ? le coût carbone ? le conflit judeo palestinien ? Ce serait tellement simple si on pouvait s’en isoler…

Les nationalistes exploitent ces sentiments en les justifiant par tous les mensonges possibles, que les malheureux ont tellement envie de croire.

Pour combattre ces sentiments, il faut redonner une vrai foi politique, fondée sur un socle solide.

Bien sûr, le communisme a mené à la dictature, comme l’avait fait le capitalisme avant lui, mais faut il renoncer pour autant à organiser et imposer une solidarité entre les êtres humains qui partagent le même espace ?

Bien sûr, la liberté individuelle peut mener au meurtre, au viol, mais doit on mettre des chaînes à chacun pour prévenir les crimes ?

Bien sûr, les ultra riches dominent toujours nos sociétés, mais faut il accepter d’en être les esclaves, plutôt que de chercher à ramener les différences de revenu à des niveaux liés au travail vraiment produit ? Si la justice sociale ou criminelle est longue à venir, faut il y renoncer pour autant ?

Enfin, quand on entend gueuler des mensonges, il faut rester droit et maintenir la raison et l’honnêteté comme nos seuls moyens de penser et de s’exprimer.

Les démocraties doivent offrir l’asile à tous les habitants des dictatures

Aujourd’hui, les états démocratiques, généralement favorisés, profitent des états pauvres, soumis à des dictatures, en leur achetant à bas prix leurs productions industrielles ou leurs ressources naturelles. Ce prix très bas est lié aux conditions de travail, désastreuses pour la société et la nature.

Ceux qui fuient la dictature et la misère sont majoritairement repoussés à la mer. Quand ils parviennent dans nos riches cités, ils sont rejetés comme des parias. Cette immense injustice entraîne la haine et favorise le terrorisme.

Rêvons à une autre politique : si tous les démocraties du monde appelaient les habitants souffrant de la misère et des dictatures à venir apprendre et travailler dans le monde libre…. Il faudrait bien sûr organiser cet accueil, répartir les populations créer de nouvelles villes et villages, revoir l’aménagement du territoire. Il faudrait aussi faire face aux réactions peut être violentes des dictatures. Mais il faut justement cesser de considérer ces dictatures comme des « pays amis ». Ce sont les amis de nos multinationales et les ennemis de l’humanité.

La justice ne doit pas tenir compte de la génétique

Comme nous l’avons développé dans nos principes, il est normal que la propriété d’un lieu, d’un objet s’aquière par le travail et se conserve par la responsabilité et l’entretien, mais il n’est pas souhaitable que cette propriété soit transférée automatiquement après le décès du propriétaire à ses « héritiers ». Cette transmission foncière crée d’innombrables problèmes de gestion de la terre et des espaces naturels et renforce les injustices sociales. Chaque parent reste libre d’aider ses enfants de son vivant.

Le droit familial ne doit pas non plus faire de différence entre enfants naturels et enfants adoptés.

Ces principes économiques et sociaux ont leur corollaire politique : aucun « peuple » ne possède une terre, même s’il est normal de respecter les usages de ceux qui vivent à un endroit donné en respectant la nature et leurs voisins.

La force ne crée pas non plus de droit, elle ne crée que des obligations pratiques. Envahir un pays pour en déloger ses habitants ne vous en rend pas non plus propriétaire. Pour être considéré comme habitant légitime et citoyen d’un espace, il faut pouvoir y vivre en harmonie avec la terre et les hommes.

Si la culture peut perdurer dans des communautés déracinées ou reléguées socialement, c’est une richesse conservée. Mais vouloir conquérir, envahir un pays, comme en refuser l’accès à d’autres au nom d’une race, c’est injuste.

Ceux qui ont choisi de cultiver la haine plutôt que la terre ne la méritent plus.

Notre société n’est pas sur le bon chemin.

Une énorme majorité de nos citoyens des démocraties d’Europe et d’Amérique pensent que tout ira mieux avec des réformes successives, que la recherche scientifique trouvera les solutions aux problèmes. C’est évidemment une croyance faite avant tout pour se rassurer, mais qui est alimentée par tous les efforts réformistes, les « initiatives qui vont dans le bon sens », les Conférences des parties sur le climat ou la biodiversité, par exemple, ou les appels à la paix de l’ONU, les condamnations des crimes de guerre par le tribunal de la Haye et récemment la relance du nucléaire civil.

Les efforts individuels d’économie ou de changement alimentaire ne peuvent modifier notre consommation globale d’énergie ou notre politique agricole que de façon marginale, alors qu’en même temps, on favorise le développement de modes d’agriculture, d’industrie ou de transports extrèmement polluants.

C’est tout le contraire qui s’est passé de 1989 à 2020, en Russie, en Chine, en Afrique : le capitalisme s’est généralisé, mais les pauvres sont encore plus pauvres, et les très, très riches de ces pays maintiennent des dictatures renforcées par l’argent.

Les gouvernements des pays les plus riches comme les pays pauvres ont certes renforcé leur législation, mais de façon très complexe et incohérente entre les pays. En parallèle, ils ont diminué les moyens de contrôle de l’application par des fonctionnaires indépendants et compétents. En faisant financer par les porteurs de projets industriels toutes les études d’impact, les Etats leur laissent les mains libres pour présenter les projets à leur avantage, amoindrir les impacts prévisibles et imaginerdes retombées économiques et sociales fabuleuses. Les aides accordées à l’installation vont d’ailleurs financer leurs frais d’études aux industriels destucteurs !

Bien sûr, selon les pays, on peut constater de petits progrès, mais ils sont tellement inférieurs aux régressions environnementales et sociales.

Les napoléons, traîtres à la république

Après le film de Ridley Scott, tous les coqs protestent : Napoléon nous a apporté tant de réformes utiles…

Rectification historique : le sénat, la liberté de culte, les préfets, le code civil.. c’est le consulat. Ce n’est pas l’oeuvre de Napoléon, plutôt celle de Bonaparte, et pas tout seul !

De 1799 à 1804, c’est le premier consul Bonaparte, dans le cadre d’une république avec un parlement élu, qui préside à tous ces changements et qui restaure la paix en France. Le consulat est un dispositif très conservateur, très directif, qui a oublié les droits de l’homme, qui favorise la bourgeoisie et restreint la liberté d’expression, mais qui conserve des éléments démocratiques, avec des lois, des débats. Le code civil, en particulier, élaboré par Cambacéres, bien plus que par Bonaparte, est le fruit de ce système républicain.

Le rétablissement de l’esclavage a également lieu dans ce cadre « républicain ultra conservateur » qu’est le consulat.
Jusqu’en 1799, Bonaparte défend la république. A partir du consulat, il travaille à sa propre ascension. A partir du sacre, il a abandonné définitivement la république pour sa propre gloriole.

Avec la légion d’honneur, promue sous le consulat, malgré une certaine opposition, il crée une caste de privilégiés à son service, dépendant de son bon vouloir. En instaurant la noblesse d’empire, il foule aux pieds les principes de cette révolution qui lui avait permis d’accéder au pouvoir.

Les guerres de l’empire (pas loin d’un million de morts !) sont des guerres de conquête personnelle et non pas des guerres libératrices.

Non seulement Napoléon Bonaparte a trahi la république française, mais également tous les grands esprits européens, comme Beethoven, qui croyaient en la démocratie pour le monde entier.  son neveu, Napoléon le petit, a réédité le forfait, en trahissant son serment à la république pour fonder le second empire, et au bout de 20 ans de dictature, s’effondrer lamentablement sous la montée de la Prusse.

L’impérialisme crée l’oppression, et favorise la haine et le nationalisme. Nos deux Napoléons, ont contribué directement à l’éclatement du monde en divers nationalismes qui nous ont valu ensuite deux guerres mondiales.

Les écologistes, nouveaux boucs émissaires

Après les Juifs, les étrangers en général, les migrants en particulier, ce sont les écologistes qui sont désignés comme les nouveaux boucs émissaires de nos maux.

Ce sont bien sûr les media d’extrème droite nationaliste qui sont à l’oeuvre, mais ils sont appuyés, en France du moins, par toute l’aile droite de l’échiquier politique et même par une partie de la gauche.

Les écologistes seraient responsables des difficultés des entreprises en ayant suscité les normes européennes et françaises ; ils soutiendraient l’extrème gauche terroriste, qui exercent des violences contre les chasseurs et les agriculteurs (on est pas à un mensonge et une contre vérité près ; Willy Schraen, Poutine, Trump, même dialectique !) ; ils auraient réintroduit le loup, le lynx, les vautours et l’ours, plaies du monde rural ; ils ruineraient les agriculteurs, ils couperaient les routes, ils soutiendraient les islamistes. Ils auraient provoqué l’arrêt du programme nucléaire la privatisation des centrales et l’abandon de la formation d’experts en sureté nucléaire. Bref ce seraient de dangereux terroristes. Sur les sites complotistes et sur les réseaux sociaux, on les accuse même de créer les catastrophes pour justifier le changement climatique qu’ils ont complètement imaginé pour stopper le développement du monde.

C’est ridicule, d’autant plus que le crime ne leur profite pas« . En matière de dévelopement économique, d’énergie nucléaire, d’agriculture, de chasse, toute cette désinformation profite financièrement aux puissants de ce monde : les gros groupes financiers, les industriels du pétrole, du nucléaire et des mines, à l’agriculture productiviste. C’est bien de ce côté qu’on peut imaginer un complot, avec subornation de politiques et de scientifiques pour créer des contre-arguments au discours sur la décroissance et la restauration de la nature.

Par rapport à la haine des juifs, des migrants et de l’Europe, cette fois ci, ce ne sont pas les nationalistes qui sont à la source de l’opprobre : le discours sur les nouveaux ennemis imaginaires du peuple est bien constitué et nourri par les lobbys industriels. Ce n’est que dans un second temps que les media de droite ont repris ces allégations mensongères. La droite nationaliste est d’ailleurs ravie de se trouver un autre ennemi que les étrangers, pour pouvoir avoir l’air de mener d’autres combats que celui de la haine. La défense des « vrais » agriculteurs se fait en suscitant la haine des écoterroristes qui s’en prennent à leurs biens et provoquent la mort des agneaux. Mais les vrais loups, dangereux pour la nature et l’humanité, sont bien les grands groupes financiers et industriels, qui manipulent les marionnettes de l’extrème droite nationaliste.

Les mensonges des sondeurs

Les Français font confiance à … Les Français sont inquiets, sages, égoïstes ou généreux… La pire formulation étant « Le Français est attaché à … ». Chaque sondage est décrit et commenté en ces termes.

Les statistiques sont basées sur la théorie mathématique des probabilités. Il s’agit d’une démarche scientifique. Mais leur interprétation donne lieu à des abus de langage, et à de véritables mensonges scientifiques.

Tout le monde comprend que si on rencontre deux imbéciles dans une communauté, cela ne prouve pas qu’il y en ait plus qu’ailleurs dans cette communauté. Mais tout le monde admet que si une forte proportion de gens de cette communauté croient que la terre est plate, on considère que tous sont des crétins.

L’abus de langage consiste donc en premier lieu dans la généralisation des résultats, en appliquant une majorité de valeurs mesurées à l’ensemble de la population concernée. Mais quand la proportion de l’échantillonnage est élevée, les statisticiens eux mêmes n’hésitent pas à simplifier leurs résultats. Or si « l’écrasante majorité » des individus de l’échantillonnage avaient la meme réponse, cela ne signifierait pas que tous les individus de cette population auraient cette même réponse. Cela signifierait que la probabilité d’une réponse différente est extrêmement faible.

Mais un chiffre extrèmement petit peut avoir un poids évolutif immense : c’est le principe du taux de mutation des êtres vivants. Celui ci serait compris entre un sur dix mille et un sur cent millions, mais ce sont bien les mutations qui ont fait évoluer les espèces, aujourd’hui innombrables.

Bien sûr, la plus triste conséquence des généralisation statistiques n’est pas l’erreur de prédiction, mais le mépris, la discrimination qu’elles engendrent pour les populations décrites.

Enfin ces considérations seraient valables si les sondeurs étaient des gens honnêtes et de bonne foi, entraîné par la réthorique à des abus de langage et une déformation des faits. Mais les sondages et les statistiques, ainsi que la formulation non scientifique des résultats, sont souvent utilisées avec des arrières pensées de manipulation de l’opinion.

Les études scientifiques sont basées sur des hypothèses, parfois contradictoires, qu’il faut vérifier grâce à des mesures. Une étude digne de ce nom doit être critique avant tout sur ses propres hypothèses, pas seulement sur ses résultats. Quand on compare avec les sondages d’opinions, les sondés ont le choix entre des formulations trop simples, maladroites ou ambigües, qui bien souvent ne correspondent pas à la pensée de la personne sondée. La formulation des questions permet déjà de manipuler les résultats. Ensuite, une majorité relative de réponses convergentes permet d’énoncer une « tendance profonde de l’opinion ».

Les sondages sont un des outils de la démocratie les plus utilisés par ceux qui veulent amoindrir la liberté individuelle et augmenter le mépris et la haine. Méfions nous en, et quand nous utilisons les statistiques, n’exprimons que les faits précis, pas des généralisations abusives, avec des types sociologiques, dont forcément un groupe sera celui à abattre, à punir ou à détrousser.