Entreprendre… quel beau mot ! Un homme a une idée, pour créer ou améliorer quelque chose, qui servira aux autres et qui lui rapportera de quoi nourrir sa famille. Son idée fonctionne, son “entreprise” prospère ; il fait travailler d’autres gens. Ses bénéfices lui permettent de réinvestir. Il participe, bon gré ou mal gré, par ses impots et ses charges à la solidarité avec la société toute entière.
Mais ses enfants, ou ses successeurs, qui reprennent son entreprise florissante veulent apporter leur part à la croissance de cette société. Ils ne partent que rarement d’une nouvelle idée technique. Avec les bénéfices, au lieu de réinvestir dans l’entreprise, ils achètent les entreprises de leurs concurrents les plus faibles. Ils peuvent alors, après quelques “purges”, augmenter leur propre revenu. Les entreprises fusionnées produisent moins que les entreprises séparées, mais elles rapportent plus à leurs dirigeants.
Ces dirigeants, réunis en clubs, ont répandu l’idée qu’une société devait croître à l’infini, ou mourir. Leur but personnel est d’obtenir un monopole, où ils pourront percevoir des marges fortes, inéquitables, mais qui leur permettront d’être payés cent fois plus que leurs employés. Petit à petit, dans les décideurs de la société capitaliste mondiale sont devenus des financiers, qui n’ont pas comme but le développement d’une idée technique, mais la création de monopoles privés toujours plus grands. Les véritables chefs d’entreprise existent encore, dans les petites organisations ; ce sont eux qui conservent à notre société un certaine dynamisme ; mais ils n’ont rien de commun avec les dirigeants des grandes sociétés commerciales, qu’on baptise hypocritement du nom d’entreprise alors qu’il ne s’agit plus que d’organisations commerciales dirigés par des financiers.