Une énergie nucleaire sans democratie

Le président de la république française vient d’annoncer (10/02/2022) la construction de 6 centrales nucléaires supplémentaires. Il ne s’agit pas d’un voeu pour son futur programme, mais bien d’une décision, alors que le “programme” sur lequel il a été élu n’en parlait pas. Il n’y a pas eu de consultation, de concertation, ni encore moins de vote, ni aux présidentielles, ni à l’assemblée nationale.

Ce déni de démocratie reprend les habitudes ininterrompues de nos anciens présidents de la république, depuis De Gaulle, sur la questions. Au départ, le secteur nucléaire était lié à la défense, à son secret et au fonctionnemnet jacobin de la prise de décision. Pourtant ce choix d’énergie engage la génération qui le finance et les 178 générations suivantes, qui vont payer des coûts imprévus répartis sur un demi-siècle (le secteur nucléaire est le premier en matière de dépassements de 1 à 10 !) augmenter les pollutions directes (le réchauffement de l’eau en particulier), augmenter la consommation d’eau (le nucléaire a des besoins un peu inférieurs mais du même ordre que l’agriculture : une bonne partie de l’eau quitransite dans une centrale repart en vapeur). Le risque d’incident existe toujours, et rien dans les évènements des 10 dernières années n’est de nature à nous rassurer. Un attentat sur une centrale est possible et pourrait avoir des conséquences incalculables. Enfin, depuis la privatisation d’EDF, l’Etat n’a plus les moyens de pérenniser un controle direct des centrales qu’il a payées. On ne forme plus d’ingénieurs fonctionnaires ayant la pratique de la construction, de l’entretien et de la gestion de ces centrales, on se contente de payer des couts énormes incontrolables.

La politique antérieure nous oblige déjà à considérer le nucléaire tel qu’il est : la première source actuelle d’énergie depuis des dizaines d’années en France, une réussite technologique globale remarquable, mais aussi un problème public énorme. Il faut continuer à mobiliser des cerveaux pour la recherche sur ce sujet, rendre à l’Etat sa compétence technique pour la gestion et le controle de l’outil.

Mais ca ne suffit pas : les troubles à l’environnement, à l’économie et les risques sur la sécurité et la santé dépassent largement le cadre de notre petite nation : comme l’a montré l’accident de Tchernobyl, le nucléaire a des conséquences sur tout un continent. La politique énergétique doit être revue le plus globalement possible. le gouvernement français actuel n’a aucune légitimité pour décider d’une augmentation de son parc nucléaire en augmentant la menace sur tout un continent.

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