Un homme ou une femme honnête, ce n’est pas quelqu’un qui mène sa vie comme les autres en évitant les excès. C’est un être humain conscient de ses propres faiblesses, qui est même capable de les reconnaitre devant n’importe qui, mais qui a compris qu’il valait autant que les autres, ni plus ni moins, que personne ne devait décider pour lui ; il s’est ainsi donné des valeurs de liberté et d’égalité. L’honnête homme, chaque fois qu’il doit faire un choix aux moments importants de sa vie, continue à décider en fonction de sa propre conception de la justice et de ses aspirations .
Mais la plupart d’entre nous ne sommes pas assez honnêtes. On vit, comme les autres, et surtout on évite de se poser des questions sur sa propre trajectoire.
Ceux qui vivent dans une riche démocratie se contentent de trier leurs déchets et de voter pour le moins mauvais des candidats au second tour. Et quand on entend quelqu’un parler d’ouvrir les frontières des pays riches aux malheureux, d’arrêter des industries polluantes ou dangereuses (dans cette catégorie, vous pouvez mettre l’armement et le nucléaire !), on se moque de ces pauvres utopistes. Soyons réalistes, qui voudrait abandonner son propre confort, fut il relatif ? personne ? donc surtout pas moi.
Ceux qui vivent dans un pays pauvre, veulent surtout la paix, fut ce au prix de la liberté. L’idéal… c’est un dictateur ou une caste dirigeante assez forte pour maintenir l’ordre, mais pas trop fou, ne massacrant personne dans les rues, mais ayant la décence d’enlever discrètement les opposants et de les torturer ou les assassiner sans bruit.
La majorité des pauvres et des riches se sont un jour posé des questions. Ils se mettent des oeillères, mais inconsciemment se sentent coupables. Ils accueillent donc avec envie, enthousiasme les super-menteurs, comme Trump, Bolsonaro, Le Pen : les hommes politiques forts, qui n’hésitent pas à faire des promesses simples, qui laissent entendre que les problèmes viennent seulement des étrangers et qu’ils seront simplement règlés avec de la discipline, de la fermeté, peut-être même une “bonne guerre”. Bientôt, grâce à nos super-héros menteurs, plus de problème, et pour l’instant de l’ordre et un minimum de confort matériel. Les petits malhonnêtes du quotidien adorent les grands malhonnêtes, qui osent et réussissent, grâce à cette complicité. C’est le fallacieux confort moral du mensonge, qui enfouit les remords sous de bonnes excuses et de mauvaises raisons, qui souvent engendre la haine et la violence, seuls exutoires possible à ce déséquilibre mental.
L’homme et la femme honnêtes n’agissent pas seulement suivant leur conscience “du moment”, mais suivant des valeurs qu’ils ont fixé à la fin de leur adolescence, conformément à l’exercice continu de leur raison, leur véritable conscience, et qu’ils s’efforcent de respecter. C’est un courage que très peu exercent…