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De l’empathie à la haine

Les dirigeants d’extrême droite, prenant la suite des sorciers des sociétés primitives, exaltent la haine de l’étranger. A la peur spontanée du nouvel arrivant, qui spolierait des premiers habitants, s’ajoute un autre ressort psychologique plus complexe, sur lequel s’appuient les fascistes.

Une famille de migrants, dans le dénuement, déclenche en premier lieu un sentiment d’identification, puis de solidarité chez la plupart des humains. Ces sentiments découlent de la liberté individuelle et de la responsabilité que ressentent tous les êtres capables de conscience, d’imagination et d’identification à l’autre. Certains, par leur culture, leurs valeurs sont préparés à cela et s’engagent pour accueillir l’étranger.

Mais chez la plupart, lorsque succède à ce premier sentiment d’empathie la notion de responsabilité potentielle, se crée une  réaction en chaîne inconsciente quasi instantanée : si je m’engage, ça va me coûter, du temps, de l’argent, je dois me protéger, je ne vais rien faire, je me sens coupable et ce sont ces gens qui me font me sentir coupable. Le mépris des pauvres, des faibles vient alors comme une vague, et plus les gens se sentent coupables, suivant leur culture ancienne, plus leur agressivité est forte. On se met à haïr activement celui qu’on aurait du aider et qu’on a choisi d’ignorer.

Les fascistes exploitent cette réaction inconsciente, la théorisent avec le nationalisme et la protection des frontières, la glorification du travail et de la famille. Le pauvre est coupable de ne pas travailler ; le migrant économique est responsable de l’échec de son pays ; ces étrangers viennent manger le pain de nos enfants. On prêche le chacun pour soi, on magnifie la réussite individuelle, et on dénigre l’assistanat, pour faire oublier notre devoir de solidarité.

Au pire, lorsque des violences xénophobes sont mises en œuvre, les militants, devenus sicaires, qui frappent et tuent les adultes se sentent obligés de tuer aussi leurs enfants : s’ils devenaient adultes, ils viendraient tuer mes enfants pour se venger. C’était le cas des nazis, des extrémistes hutus… ce sera celui des militants du front national, quand ils organiseront de nouvelles ratonnades. La théorie de l’extermination d’une race inférieure vient également justifier cette psychose collective.

Le front national ou la ligue du nord, comme les trumpistes américains n’en sont pas encore là, mais ils nous y préparent.

 

La société de la mauvaise foi

Le monde où nous vivons, avec ces terribles injustices rend schizophrènes les habitants des pays privilégiés. Comment supporter, en étant éduqué, informé régulièrement, de savoir qu’on vit confortablement avec des soucis qui sembleraient dérisoires aux habitants de la Syrie, du Yemen, du Soudan ou même de l’Ukraine, de la Chine ou de l’Inde ?

Et bien, pour résister à cette pression inconscience constante, on se ment à soi même.

Premier mensonge : un plongeon dans l’indifférence : mes problèmes sont les seuls d’importance. On ne nait pas égoïste, on le devient peu à peu, c’est un mouvement de survie. On ne s’imagine plus à la place des autres, c’est trop dangereux pour sa santé intellectuelle.

Second mensonge, parmi toutes les informations qui nous sont délivrées, on ne retient que celles qui confortent notre égoïsme, même si elles n’émanent que d’une source douteuse, un lobby, des hackers ou son voisin de bistrot. Toutes les autres informations, celles qui dérangent, même si elles proviennent de sources scientifiques variées et concordantes, de journalistes sans intérêt financier direct, même si ces informations sont vérifiables, sont repoussées avec colère. Ceux qui nous demandent des efforts de solidarité sont des menteurs, des corrompus. Avec la supériorité de l’euro-climato-sceptique, on peut mépriser la “gauche caviar” et discréditer par avance toutes les réformes généreuses.

Des responsables catholiques renvoient dos à dos les candidats à l’élection présidentielle et considèrent que le mariage entre homosexuels est au moins aussi grave que le refus d’accueillir des migrants en détresse, nos prochains suivant l’enseignement de Jésus. Ceci démontre avant tout leur mauvaise foi.

Et ces mensonges font abandonner tout esprit critique propre : Même si le changement climatique n’était pas directement causé par l’homme, ne faudrait il pas réfléchir à la décroissance, nécessaire aussi par rapport à la surpopulation et au caractère limité des ressources planétaires ? Même si Macron était déjà corrompu et augmentait le poids politique des financiers, ne faudrait il pas quand même faire barrage à l’extrême droite qui nous mène beaucoup plus rapidement à la haine, à la ruine et à la guerre civile ?